Je me pose actuellement cette question furieusement existentielle, notamment depuis cet été, à la suite de la publication de la première version du trek Génépi-Lavande.
J’ai revu cet article depuis.
Mais dans sa version initiale, et bien que j’aie tenté d’y élaguer tout ce qui me semblait superflu, ce récit estival s’était révélé le plus long de tous mes compte-rendus, jusqu’à atteindre 16503 mots pour 60 minutes de lecture.
Un peu lourd. Au sens indigeste du terme.
Certes, l’aventure était belle et riche, les journées de marche très longues elles-mêmes et j’avais pris une grande quantité de photos : il m’était donc difficile donc de ne pas raconter tout ce que j’avais vu ou vécu entre l’aube et le crépuscule.
Mais pour autant, compte-tenu de la longueur finale, je me suis demandé qui avait bien pu lire cet article en entier – en dehors bien sûr de quelques courageux fidèles.
De là, je me suis interrogé : quel format d’article devais-je produire pour ne pas ennuyer un nouveau lecteur découvrant les Fantaisies? Et sur quel temps de lecture pouvais-je compter à minima avant l’autoéjection de ce curieux?
En parcourant cet article consacré au blogging, instructif et bien conçu, je n’ai pas trouvé de réponse réellement satisfaisante.
En matière de longueur, l’auteure – qui tient par ailleurs un beau blog de voyage – conseille un volume indicatif en nombre de mots selon d’une part le type de texte rédigé et l’effet escompté sur le lecteur : informer, expliquer, raconter, etc. et d’autre part, sur le référencement que l’on vise. Ainsi les contenus de plus 2500 mots sont-ils mieux repérés par les moteurs de recherche.
Mais la rédactrice de l’article précise aussi que la qualité du contenu est plus importante encore que son format – et de cela, je me doutais un peu…
Et puis, pour intéressant qu’il soit, cet article est tourné vers une logique globalement commerciale qui n’est pas la mienne.
Mes articles se positionnent majoritairement du côté du récit et je ne calcule pas leur longueur en matière de nombre de clics espérés. J’ai juste à coeur que les lecteurs ne s’en détournent pas trop rapidement.
Or, dans ce domaine, et particulièrement pour la première version de génépi-lavande, je ne suis pas certain d’avoir été très performant.
De la lecture sur écran
Tout à ma réflexion, mais en marge de cette histoire de format, je me suis tourné un temps vers notre rapport à la lecture sur les écrans et au temps d’attention que nous sommes capables de lui consacrer, moi le premier.
En ligne, mon comportement de lecteur est en effet très différent de celui que j’adopte avec le papier, qu’il s’agisse de livres, de journaux ou de magazines.
Quand je lis sur ordinateur, ou smartphone, y compris la presse, la pluralité des informations qui s’offrent à moi sur une même page excite en permanence ma curiosité et m’incite à zapper d’une rubrique à une autre, au détriment bien entendu de la continuité.
Ainsi, me lisant moi-même en ligne, je ne suis pas certain que j’irais jusqu’au bout de mes articles les plus longs. Problème.
Outre que je ne souhaite ennuyer personne, je tiens en effet tout de même à ce que ma publication soit lue dans son intégralité.
Sinon, à quoi bon écrire?
Le format : un faux problème
Cette interrogation – à quoi bon écrire – m’a rappelé une vieille publication des Fantaisies Buissonnières, au cours de laquelle je découvrais une difficulté assez semblable à celle qui m’occupe aujourd’hui.
Rédigeant un article, fort long lui aussi – tiens, tiens – au retour d’une expédition de plongée qui m’avait amené à naviguer du Sud au Nord de la Mer Rouge Egyptienne, j’étais tombé en panne d’inspiration : l’écriture de mon article s’avérait de plus en plus fastidieuse, je n’y trouvais plus d’intérêt et je m’étais donc arrêté, en panne.
Et bien maintenant que j’y repense, je me souviens que j’ai également eu du mal à boucler la rédaction de génépi-lavande : je n’en voyais littéralement plus le bout. Alors que j’avais adoré vivre ce trek très singulier. Curieux.
Evidemment, si je m’ennuie moi-même à rédiger, ou que je trouve l’écriture laborieuse, il y a de forte chance que cela se ressente à lecture, non?
En matière de qualité de contenu et de format, est-ce qu’il ne faudrait pas déjà commencer par-là?
Poser la question, c’est déjà y répondre, évidemment.
Repenser le contenu
La réflexion consécutive à la « situation de blogage » évoquée plus haut m’a amené à revoir la structure de mes récits de la rubrique « en scaphandre », non plus présentés chronologiquement, jour après jour, mais au contraire avec une approche plus thématique comme on peut le découvrir ici…
Encore aujourd’hui, c’est la publication qui m’a valu le plus de commentaires. Ce n’est pas un hasard.
Après la plongée, il me faut donc reconsidérer aussi l’approche des récits de randonnée.
Maud, rencontrée dans l’Oisan, me l’avait d’ailleurs déjà dit : la répétition des actions – je sors de la tente, je plie le duvet, je marche, je passe des cols, je vois des marmottes… – au bout d’un moment, ça lasse un peu.
Je pensais, encore récemment, que la trajectoire à l’oeuvre, le côté « road movie », portait suffisamment le récit. Et je crois aujourd’hui que cela ne suffit pas.
Je n’ai pas de randonnée prévue très prochainement – ma prochaine aventure sera papouasienne et subaquatique.
Mais je te promets de reconsidérer la forme des articles à pied, ou même à vélo, dès que l’occasion se présentera. J’y réfléchis déjà!