La dimension de l’escargot2 mn de lecture

Adoncques aujourd’hui?

Et bien, d’abord, j’ai réparé mes pieds grâce à la trinité de Saint Lu : compeed, scholl et coheban.

Ensuite, j’ai voulu prendre un train pour m’avancer un peu. Mais de train, pas. Du tout.

J’ai donc marché pour trouver un lieu où stopper.

Quand je l’ai trouvé, j’ai attendu dix minutes avant de voir une voiturette sans permis qui mettait son clignotant.

Inévitablement, j’ai pensé au sketch de Coluche.

Christian. Chevalier dans l’Ordre de Saint Lu.

Il m’a bien dépanné en me faisant repasser rive gauche, à Gennes.

De là, j’ai volontairement ignoré le GR qui partait grimper les coteaux crayeux et j’ai pris une petite route qui longeait la Loire.

Je me suis vautré comme un malpropre dans la boue glissante de la berge en prenant cette photo…

Ce qui m’a contrarié : je n’ai qu’un seul pantalon et il est beige clair… Avantage, il sèche vite.

La route était belle mais peu variée. Pour m’occuper l’esprit, et oublier mes pieds, j’ai chanté Long est le chemin.

Au bout d’environ dix kilomètres, le ciel s’est couvert. J’ai traversé un ancien port batelier.

Et c’est à peu près à ce moment-là que suis entré dans la dimension de l’escargot.

Comme si le fait d’aller à pieds pendant que les autres filent sur les voies rapides m’avait fait basculer dans un autre rapport au temps.

Une autre dimension.

La dimension de l’escargot.

C’est pour ça que je ne croise personne! En fait, je ne les vois pas. Ils vont trop vite. CQFD.

Dans cet univers parallèle : des villages morts, comme abandonnés.

Des cafés fermés.

Pays de la soif. La preuve :

Dans la dimension de l’escargot, on ne peut compter que sur soi-même.

Fricassée de cacahuètes salées, méli-mélo de fruits secs.

Puis on continue.

Seul dans un monde vide.

Figé.

Surprenant.

Et toujours la route.

Retour du soleil. Déjà vingt-cinq kilomètres au compteur. Les talons protestent. On les fait taire en attirant leur attention sur les boutons d’or.

Et puis là :

La tuile.

La crevaison.

D’ampoule. Sensation poisseuse dans la chaussette, brûlure instantanée. Talon gauche. Bref écart de route, arrêt navré, sortie du cric, pose d’une rustine de compeed…

Les derniers kilomètres vont être longuets. D’autant que j’ai retrouvé mon copain :

Le GR3. Qui a pitié de moi, cependant, et se change vite en voie acceptable.

Et enfin, après tous ces kilomètres, j’arrive au monastère et je prends possession de ma cellule.

L’enfer. Et ils osent en plus le restaurant gastronomique…

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