Où l’on retrouve enfin le Loing.3 mn de lecture

Au matin, je quitte Chatillon-coligny…

… sous l’oeil très intrigué d’un chat matinal.

Là-dessus : canal. Pas le choix pour le moment. On ne va pas se plaindre, je l’ai pour moi tout seul!

Je rame, donc. Avec la sensation curieuse d’être à contre-courant. Quand je m’arrête, je fais une légère marche arrière. Étrange.

Rive droite, un petit barrage s’ouvre sur le Loing.

Malheureusement inaccessible, tant la berge est haute.

Et puis Iphigénie m’indique de toute façon que la rivière se resserre et que la navigation doit y être compliquée. Je songe à ma mésaventure d’hier. Autant poursuivre sur le canal.

Passent quelques kilomètres. J’aborde parfois pour regarder la carte, satisfaire un besoin – l’eau qui clapote, c’est notoirement diurétique.

Et je poursuis.

Tiens, une écluse. Y avait  longtemps.

Je discute avec un homme que je prends pour l’éclusier, mais non, il s’agit en fait d’un artificier qui installe les pétards du 14 juillet. Le gars me demande d’où je viens ; je lui raconte et il rit.

– Vous le trouverez pas avant Montargis le Loing ! Houlà! Au moin(g).

Portage donc, mise à l’eau plus bas…

… et poursuite de la navigation sur des eaux mortes.

Je m’ennuie. Quelques kilomètres passent. Une dizaine en tout depuis ce matin. Des panneaux sur le chemin de halage – qui me rappellent ceux de la Loire à vélo – me renseignent utilement.

Je suis moins éloigné de Montargis que je ne le croyais.

Nouvelle écluse. Montbouy.

Je la franchis avant de parvenir à une autre, celle de Montambert. Je consulte iPhiGéNie : elle m’annonce cinq autres barrages coup sur coup, une vraie galère sur les deux prochains kilomètres.

En revanche, elle me montre également un sentier noir qui s’eloigne en direction du Loing, lequel s’élargit. Sur la carte tout du moins. Je vous l’ai surligné en rouge. Que faire?

D’un côté, mes déboires d’hier. De l’autre, toutes ces écluses…

Allez : prise de risque! Au pire, je reviendrais sur mes pas. Avec mes vingt-cinq kilos de Barnum.

D’abord, descendre ce modeste relief.

Je sais. Ça sent la connerie.

Qu’est-ce que je disais… on dirait un doryphore.

D’apres iPhiGéNie, c’est là.

Le champ d’orties en short de bain, j’en ris encore. Mais au bout :

Le Loing! D’évidence navigable! J’ai l’impression d’etre Mungo Park découvrant la source du Niger…

Je démonte ma pagaie et m’en sers pour me tailler un accès dans les orties. Je machette comme un furieux.

Puis je me mets à l’eau en évitant la vase et je rejoins le courant, où je me rince les mollets et les avant-bras qui cuisent.

La rivière est magnifique. Sauvage. Je ne suis pas sûr que beaucoup de kayaks y passent.

Hérons cendrés, canards. Un léger courant. Je suis enchanté ! Et quelle ambiance!

Même si quelques obstacles jalonnent le parcours.

Parfois, on passe dessous en se couchant, comme ici. D’autres fois, c’est plus scabreux. Il me faut contourner par la berge en m’accrochant aux arbres et je récupère des araignées, des punaises, des branches mortes et des feuilles. Le kayak ressemble enfin à autre chose qu’un jouet sorti d’usine.

La profondeur est globalement suffisante. Même s’il m’arrive d’être obligé de marcher sur les galets pour tirer mon embarcation.

Hormis ces quelques passages, la descente est agréable, marquée par un courant qui s’intensifie.

Des petits déversoirs naturels rendent le circuit ludique.

J’en passe plusieurs puis, mis en confiance, j’en négocie un fort mal qui me jette dans des branches de saule.

Dessalage brutal. Le kayak est coincé entre deux troncs, retourné, la pagaie s’est fait la malle et je lutte contre le courant puissant pour remonter le long du kayak centimetre par centimètre en me halant sur les sangles. Un bouillon!

Je récupère ma pagaie un peu plus bas, coincée dans des branches, une deuxième épopée en soi, puis je me sèche et reprends la rivière, laquelle s’elargit à l’approche de Montargis.

J’entre en ville en prenant des canaux.

J’ai le sentiment d’avoir changé de continent et de pagayer à Bangkok.

Puis j’arrive au terminus : un déversoir infranchissable.

De là, demi-tour et appontage en amont, degonflage et remballage puis recherche sur le Net de l’hôtel le plus proche. Le bivouac d’hier m’a donné envie de confort : des espèces de grosses fourmis volantes m’ont couru le duvet jusqu’à pas d’heure.

Voyons : Ibis centre. 450 mètres. Parfait. J’y ferai sécher mes affaires…

Et, accessoirement, y passerai une nuit confortable. J’en ai besoin.

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