Sous la mer7 mn de lecture

Puisque la rubrique En scaphandre est abondamment illustrée, j’ai pensé que tu trouverais peut-être intéressant de savoir quel matériel j’utilise, et comment, progressivement, je l’ai fait évoluer.

Sommaire

Avant le numérique

Les photographies sous-marines restaient évidemment rares. Elles étaient prises en argentique, avec, déjà, des appareils enfermés dans des caissons.

De la même manière que le Leica avait révolutionné la prise de vue « légère », ouvrant la voie au photo-journalisme moderne, le Nikonos a accompagné la progressive (et relative) démocratisation de la plongée à partir des années 70. Pour les curieux, on peut lire ici une histoire de cet appareil mythique.

Au début des années 90, on trouvait des appareils jetables, évidemment  toujours pourvus d’une pellicule argentique, étanches à dix ou quinze mètres.

Ils produisaient des clichés amusants mais d’une qualité globalement médiocre. Exemple ci-dessous avec ton serviteur, en apnée dans les grottes de corail antillais de St Martin.

De nos jours

La plongée sous-marine s’est considérablement démocratisée, et le numérique a révolutionné le confort de prise de vue – jusque dans une certaine mesure, et selon le niveau d’amateurisme auquel on se situe, car même richissime, ne rêvons pas, on n’achètera jamais le talent de Laurent Ballesta, sublimé par les plongées d’exception qu’il réalise.

Cela étant, de même que n’importe quel individu un minimum à l’aise sous l’eau peut facilement s’offrir son premier niveau, tout le monde peut désormais emporter sous l’eau un petit compact voire, le plus souvent, une caméra go-pro pour immortaliser ses immersions. Au fond, comme sur terre, tout dépend du rendu que l’on attend de ses clichés : de simples souvenirs ou des vues plus ambitieuses. Et tout dépend aussi du fourbi plus ou moins volumineux dont on accepte de se charger.

De mon côté, je n’aime pas m’encombrer. J’aime d’abord et avant tout plonger et profiter. L’appareil est là, au cas où. Très exactement comme quand je me promène en ville ou dans la nature. Pour autant, comme j’aime la photographie, sans viser la qualité professionnelle, j’ai tout de même à coeur de produire des clichés dignes de ce nom. Du coup, aujourd’hui, je m’embarrasse un peu plus qu’au début, quand même…

L’objet de ce article n’étant pas de te présenter toutes les possibilités existantes – il y a des sites très bien pour ça – je vais te parler de mon matériel et surtout, ce qui est inévitable en photographie sous-marine, de son évolution au gré des différentes expériences.

Canon G9 et son caisson

Celui, d’usine, dédié au Canon G9. Acheté à l’occasion d’un séjour au Mexique, l’hiver 2008, parce que j’avais prévu de me remettre très sérieusement à la plongée là-bas.

Voici la toute première photo faite avec ce système, en apnée, sur l’île de Cozumel, avant d’aller dériver en scaphandre le long de la deuxième plus grande barrière de corail du monde. Prise au ras du sable au fil du courant, et dont l’apparition dans le viseur m’avait fait pousser des glouglous enthousiastes.

Pendant six ans, j’ai emporté le G9 et son caisson aux quatre coins. Aux Canaries.

En Mer Rouge.

Aux Antilles.

En Mer d’Iroise.

Jusqu’à 30 mètres, voire 40,  j’étais très content des clichés qu’il prenait. Pour l’adjonction de lumière, le diffuseur du flash placé sur le nez du caisson suffisait à isoler le sujet de près, telle cette étoile de mer dite « biscuit », rencontrée en Croatie – preuve par ailleurs de l’influence de la biscuiterie LU sur les écosystèmes marins, mais ceci est une autre histoire : ne nous égarons pas.

En revanche, sur certaines épaves profondes, comme le Togo dans la baie de Cavalaire dont la proue repose sur le sable à 60, l’autofocus était systématiquement défaillant. Pas top. Cela étant, même flou, le cliché donne un petite (quoique fausse) idée de la narcose à l’azote à ces profondeurs (beau flagrant délit de mauvaise foi du photographe qui tente de justifier un cliché foiré).

Puis le G9 a rendu l’âme en tombant au sol, sur un bête parking, une après midi de juillet 2014.

Comme j’aimais beaucoup cet appareil, je n’ai pas cherché bien loin : j’ai acquis son grand-frère, le G16. Pas déçu.

Canon G16 et accessoires... évolutifs!

En revanche, côté caisson, j’ai fait une erreur : par souci d’économie, et parce que le caisson de base du G9 – incompatible avec le G16, les marchands sont malins – m’avait globalement convenu, j’ai racheté un caisson basique.

Grosse déception dès les premières immersions. Pas satisfaisant du tout : outre que je rencontrais les mêmes problèmes d’autofocus qu’avant, dès 40 mètres, le flash était désormais inopérant et le caisson ne me laissait toujours pas accéder au mode manuel. Sous les tropiques, au Soudan par exemple : pas de souci : plongées globalement peu profondes, grande clarté et lumière. Cette photo donne une idée du propos.

Souhaitant avoir accès à toutes les fonctions de mon appareil, et ne plus être ennuyé sur les plongées profondes, j’ai donc investi dans un caisson plus performant de marque Ikelite.

Lequel n’avait plus de souci d’autofocus, même poussé à 65 mètres, et me donnait enfin accès au couple vitesse/diaphragme. Parfait? Voire.

Car le constat, au bout d’une centaine de plongée, restait mitigé : fragilité de la dragonne cassée par deux fois, dont une au risque de perdre l’appareil, rattrapé in extremis en remontant sur le bateau, blocage systématique de certains bouton-poussoirs, celui de la macro surtout, malgré les rinçages soigneux au liquide vaisselle, et impossibilité d’adjoindre des lentilles (macro ou grand angle) performantes… Malgré tout de même un prix élevé : plus de 600 euros.

Compte-tenu de l’investissement, j’ai donc gardé ce caisson six ans, et je lui ai même adjoint un hublot qui me permettait de récupérer la focale légèrement grand angle de l’appareil.

Cher et globalement décevant. Encore un coup dans l’eau, c’est le cas de le dire. Exemple avec un banal paysage méditerranéen : à gauche sans le hublot, puis à droite, avec.

On voit le léger recul, c’est même convaincant, mais j’ai considérablement ramé aux Maldives avec cette lentille. Il arrivait assez souvent que des micro-bulles se mettent dessus et fixent l’autofocus. Résultat immanquablement raté. J’ai fini par ne plus la prendre.

Et puis là-dessus, tant qu’à m’enfoncer dans mon piège abscons – c’est à dire conserver l’existant imparfait compte-tenu de l’investissement initial plutôt que d’envisager un changement radical – j’ai acheté un phare sur les conseils d’un ami niçois : le modèle Sea Dragon 2500 de chez Sealife. 2500 pour le nombre de lumens qu’il produit, soit l’équivalent d’une ampoule de 250 watts.

Au début, j’en étais vraiment très content. Cette jolie flabelline mauve prise à 30 mètres en Méditerranée, par exemple, m’a enthousiasmé.

Ou bien cette murène, dans la baie de Villefranche.

Les couleurs étaient magnifiques. Mais hélas, très vite, plusieurs inconvénients sont apparus, le principal étant celui de sa diffusion : la lumière est très large, de sorte que lorsqu’on photographie de près, dans des eaux peu chargées en particules, c’est parfait. Mais lors des plongées de nuit, par exemple – à l’ambiance si particulière – rien à faire : le phare éclaire toutes les particules parasites, l’autofocus ne comprend plus rien, et les clichés sont immanquablement ratés.

Par ailleurs, le système de platine qui permet d’accrocher le phare sur le caisson n’est compatible qu’avec les appareils Sea Life, dont la qualité est nettement en-dessous de ce que mon G16 me procure. Bref, encore un achat coûteux qui s’avère, in fine, pas optimal…

De là, après notamment plusieurs croisières et bien des échanges avec d’autres plongeurs photographes, j’ai décidé de sortir de cette spirale infernale, tout en conservant le G16 pour ne pas avoir à passer aux trop encombrants Reflex – ou aux hybrides tout de même coûteux comme la gamme OM de chez Olympus.

J’ai opté pour un caisson de marque Isotta – fabricant italien haut de gamme, dont la monture du hublot accepte toute sorte de lentilles – et que m’avait vanté Félix, en Egypte.

Sur quoi, l’autre caisson revendu par petites annonces, de même que le phare – ce qui m’a valu au passage une tentative d’escroquerie que je raconte ici – j’ai opté pour un flash Inon très performant, dont les qualités m’ont été décrites, elles, par Markus aux Maldives.

Avec une accessoirisation complémentaire incontournable : platine, bras et lentille macro de chez Nauticam et hublot grand angle de chez AOI.

On ne va pas se mentir, la tirelire a morflé…

M’enfin.

L’engin obtenu a pris un certain volume…

Mais quand je saute dans l’eau, ou avant de remonter, je replie le bras du flash, comme ici, ce qui réduit l’encombrement. Sous l’eau, j’utilise une petite attache très pratique, accrochée sur ma stab, que je peux clipser ou déclipser à loisir selon les besoins.

Toutes les photos du reportage dans les cenotes mexicains ont été prises avec cet ensemble. Non sans mal, comme tu pourras le lire en cliquant sur « galères photographiques », dans le sommaire.

Mais avec des résultats plutôt sympas, au final, comme ici avec la lentille grand-angle.

Bilan intermédiaire

Côté éclairage : dans l’obscurité complète des cenotes, impossible de faire la mise au point. Je bidouillais donc avec ma lampe d’appoint mais c’était mal pratique au possible.

Au retour, j’ai acheté une lampe pilote d’une puissance suffisante (2500 lumens) pour être utilisée seule, comme ici sur cette belle murène de la baie de Villefranche.

Pour les curieux, c’est le modèle smart focus 2500 de Weefine, qui possède un mode qui la coupe automatiquement lorsque le flash se déclenche.

Outre la lumière blanche, elle a par ailleurs un mode ultra-violet que je testerai à l’occasion en plongée de nuit, ainsi qu’un mode rouge du meilleur effet sur les gorgones, par exemple.

La lentille macro

J’ai monté ma lentille macro de chez Nauticam (modèle CMC-1) sur une double bague avec un gond : de sorte que je peux soit l’utiliser quand le sujet s’y prête, soit m’en passer et utiliser alors la focale normale de l’appareil, le tout sans avoir à faire des manips hasardeuses sous l’eau. Ça ressemble à ça – et c’est presque aussi cher que la lentille elle-même!

J’ai utilisé cette lentille macro à Lanzarote au printemps 2022.

Disons-le tout de suite, elle n’est pas super simple d’usage. La mise au point se fait presque au millimètre et sous l’eau, c’est coton. Par ailleurs, il faut soit recadrer l’image en post prod, soit zoomer sur le sujet, pour éliminer le cadre parasite du à la bague, comme ici sur cette coryphelle.

Mais une fois le cliché retravaillé, c’est vraiment top.

On peut découvrir des détails très agrandis, comme ces polypes de corail orange de toute beauté.

Complément : mon petit appareil de secours.

Offert par ma femme compatissante parce que mon G16 était tombé en panne trois jours avant un départ pour l’Egypte, en 2019, et que je ne cessais de pester à la plage. Tu peux retrouver les déboires de cette panne dans cet article du blog : une contrariété à J moins 3

Ce petit appareil est de Marque Sealife, comme le phare que j’ai revendu. Pas mal. Je l’ai testé dans cet autre article : le test de l’appareil – pas de l’oursin.

Toutes les prises de vue sous-marines du récit intitulé Intégrale Egyptienne sont effectuées avec ce petit appareil à caisson intégré. J’aime beaucoup l’ambiance de celle-ci, dans les cales de la très célèbre épave du Thistlegorm.

J’ai conservé ce petit appareil en boitier de secours, dans la perpective – désormais possible – d’une nouvelle panne : du genre à se produire évidemment en plein milieu d’une navigation exotique, sinon ce n’est pas drôle.

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