Rocky et Zabargad2 mn de lecture

15 août.

Rocky.

Je sais : inévitablement, la scie hard FM « Eye of the tiger » s’installe en bruit de fond et vous visualisez des boxeurs qui font des pompes sur un bras. Ah, le cinéma de l’ère reaganienne… Du coup, avec Zabargad, vous vous demandez si vous n’avez pas loupé un épisode de l’immarcescible Sylvester.

Rassurez-vous : non. Rocky, ici, est à prendre au sens premier : c’est un caillou.

Un beau caillou, cela étant. Pelé et aride en surface, mais sous l’eau…

Magnifique, comme d’habitude. François et moi nous éloignons du groupe pour être tranquille. Le temps de croiser des perroquets à bosses…

Et nous nous retrouvons absolument seuls au nord. Solitude propice à la rencontre de dauphins! Des stellenas longis rostris – plus petits que les turciops : sept ou huit qui évoluent un temps sous notre nez puis s’en vont.

On remonte au parachute, émerveillés, seuls sur la face nord, en attendant le zodiac qui tarde un peu. Notre bateau est invisible, au mouillage de l’autre côté. Aucun parachute de plongeur à l’horizon. Je sais très bien qu’on va venir nous chercher et ne m’inquiète guère, mais je m’amuse à imaginer le bivouac de naufragé sur la plage devant nous, par 55 degrés au soleil, sans ombre ni eau. Puis le zodiac arrive et nous récupère. Le gang des lyonnais est à bord et nous aide à hisser le fourbi, tandis que les dauphins réapparaissent en surface et nous accompagnent côté sud jusqu’à l’Odyssey.

En fin de matinée, avant le déjeuner, nouvelle plongée sur Rocky, dans l’autre sens. Pas de dauphins, mais un requin gris qui passe sous nos palmes, à 50 mètres. Ambiance corallienne sublime sur le tombant, dans les failles où jouent les rayons du soleil qui dessinent des colonnes de lumière très ecclésiastiques.

Sur quoi, un petit coup de navigation et hop : nous parvenons en vue d’une autre île : Zabargad, plus imposante.

Ce qui est amusant avec l’île de Zabargad, c’est qu’on la croirait en permanence couverte d’un nuage, comme assombrie. C’est dû à la présence de l’Olivine, un minerai qu’on a extrait ici depuis les pharaons jusqu’à une période relativement récente. A la vue de ce mont pelé, j’ai une pensée émue pour les mineurs…

Voici à quoi ça ressemble sous la surface, présenté par Bruno :

Bien sûr, comme d’habitude, les bouquets de coraux sont merveilleux.

Une grosse tortue broute mollement des alcyonnaires, à 30 mètres.

Mais, crépuscule aidant, ce qui fait le charme indéniable de cette plongée de fin d’après-midi : c’est la lumière solaire. La danse des rayons dans les failles est un spectacle incroyable.

Jusque et y compris sous le bateau, qui prend à l’envers des airs vaguement abstraits.

Depuis le pont supérieur, avant l’apéritif, les amateurs de photo ne s’y trompent pas : ça shoote à tout va dans le couchant.

Et quand tombe la nuit, après le repas, l’un des membres de l’équipage s’amuse à pêcher des seiches à la ligne, tandis que des nuages de poissons s’affolent dans les faisceaux des projecteurs du bateau.

Fascinantes. Hélas comestibles.

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