Une folle journée4 mn de lecture

Après un petit déjeuner matinal en terrasse…

J’ai traversé le canal du Loing par la passerelle empruntée la veille,

Puis je suis allé au bord du lac gonfler mon kayak.

Le premier passage que j’ai trouvé était clos, et j’ai eu peur que le deuxième ne le soit aussi – ce qui m’aurait contraint à accoster, dégonfler, porter, marcher, etc.

Mais non : j’ai pu franchir ce pont en m’allongeant un peu.

J’ai circulé dans des canaux verdoyants, guidé par l’indispensable IphiGéNie.

J’ai franchi avec le kayak un déversoir amusant, poursuivi par un ballon de foot prémonitoire.

La sortie de la ville était moins bucolique.

Mais j’ai tout de même fini par retrouver la rivière.

Le passage de ce pont m’a donné un peu de travail.

Evidemment, personne n’avait dit que ce serait facile, mais j’ai trouvé que ça démarrait fort.

La preuve :

Sur la forme, pas de souci. C’est sur le fond que ça pêche un peu…

J’ai donc marché un petit kilomètre en tirant mon embarcation. Assez vite, toutefois, le Loing a retrouvé son visage enchanteur.

Avec même du courant, pour rendre la navigation plus agréable.

Je suis passé sous une vieille ligne de chemin de fer désaffectée.

Puis sous une autre, en service celle-ci.

Ensuite, j’ai atteint Chalette beaucoup plus vite que je ne l’aurais cru.

Du coup, j’ai fait une petite pause après le déversoir.

Puis j’ai repris le fil du courant, bien présent par endroit. Vacciné par mon bête dessalage d’hier, j’ai mieux négocié mes courbes – on apprend tous les jours.

Pour éviter un autre déversoir presque à sec et peuplé de pêcheurs, j’ai pris un bras que m’indiquait iPhiGéNie. Des bancs de nénuphars ornaient les berges. Magnifique!

Au bout, j’ai aperçu ça :

Plutôt bas mais je savais que ça passerait. Je me suis allongé dans le kayak, façon Ramsès 2, la pagaie en long contre moi, et j’ai laissé le courant me guider.

il n’y avait vraiment pas beaucoup de place : comme dans un tube de scanner, voyez?

C’est quand je me suis approché – et qu’il était donc trop tard pour manœuvrer – que je me suis aperçu que ledit tube était envahi de toiles d’araignée. Avec les proprios dedans. Des monstres!

Pour me remettre de ce train fantôme improvisé, je me suis posé sur une petite île.

Avec en tête, la chanson de Brel. J’ai songé que ça ferait un chouette lieu de bivouac mais il était encore trop tôt pour m’arrêter, j’ai donc poursuivi.

Pendant plusieurs kilomètres, j’ai glissé sur des plantes aquatiques.

J’ai longé des cabanes déglinguées et désertes, dont l’ambiance m’a fait penser au film de Boorman, Délivrance. Pour un peu, l’apparition d’un jeune idiot jouant du banjo ne m’aurait pas surpris outre mesure.

Je ne me suis pas attardé, du coup…

Puis j’ai buté sur le barrage de la Goulette.

Avec accostage soigné dans la vase.

Ça m’a rappelé Châtillon. L’effet macaron, fondant sous la fine croûte.

On ne s’en lasse pas…

Je me suis aperçu que j’étais au bord du canal. Que choisir?

Certainement pas le canal. Et hop.

Les plaques d’algues étaient fleuries de petites anémones blanches où voletaient des libellules bleues.

Plus loin, j’ai pensé inévitablement à un autre film : et au milieu coule une rivière…

Avant Dordives, le Loing s’est à ce point élargi qu’il m’a fait songé à la Seine, telle qu’on la trouve en amont de Montereau.

J’ai compris ensuite que cet élargissement était causé par ce barrage, qui portait encore les stigmates de la crue de 2016.

Je l’ai franchi à pieds et j’ai marché un temps dans l’eau peu profonde et chauffée par le soleil.

Quand le Loing a repris une profondeur plus navigable, j’ai recommencé à pagayer et je suis passé sous l’A77.

Avant de buter contre le barrage à clapets de Grands Moulins. Super dangereux.

J’ai donc abordé dans un endroit peu reluisant, avec ronces et orties pour m’accueillir à la sortie.

J’ai hissé le canoë, taillé un chemin à la pagaie-machette, porté tout le barda le long du canal sous un soleil de plomb et cherché ensuite à me remettre à l’eau dans la rivière.

Pente abrupte mais rien de très compliqué avec un peu d’huile de coude…

Arrivée à Souppes sur Loing. Presque à l’heure pour voir la finale de coupe du monde de foot, qui oppose la France à la Croatie.

Vite, je remballe tout et marche jusqu’au camping.

Fermé ! Depuis la crue de 2016. Adieu match, douche, etc.

Après une pleine journée de pagaie, trente kilomètres de rivière au compteur, je suis un peu sonné.

Des clameurs me parviennent de la place de l’église. Une terrasse. Des parasols. Allons voir…

Ambiance :

Je commande une bière et assiste au but de Paul Pogba. Sur quoi, le cafetier m’apprend  qu’il n’y a pas non plus d’hôtel, ici. Je suis maudit.

Je finis ma bière, un quart d’heure avant la fin du match parce que j’en ai plein les oreilles des vuvuzellas, puis je retourne gonfler le kayak.

L’orage qui grondait depuis un moment vire à l’averse : je m’abrite de la pluie sous des arbres en me disant que décidément, je m’en souviendrais de Souppes sur Loing ce soir de finale historique.

Sous un pont, je regarde le soleil revenir.

Partout, invisibles, des hurlements, des sifflets, des klaxons. La France est d’évidence championne du monde mais la nouvelle me laisse indifférent : la rivière m’a mis un peu en marge et la fatigue fait sans doute le reste.

Je quitte Souppes difficilement, par des canaux encombrés où je dois marcher dans l’eau avec attention – il y a des saloperies rouillées parmi les galets.

Je rejoins ensuite le Loing en me demandant où je vais bien pouvoir dormir…

J’ai environ deux heures de lumière solaire devant moi. Consultons IphiGéNie. Elle me montre une île minuscule, non loin.

Vous ne voyez pas ? Attendez, j’agrandis et je fais une croix, comme Stevenson. Bon, je sais, c’est une étoile. Pas de croix disponible sur l’application…

Vu sa taille, cette île doit être déserte. J’y passerai donc une nuit sinon confortable, du moins tranquille.

Approchons-nous et abordons.

Pas super engageant de ce côté-là.

Ici, en revanche, ça peut convenir.

Robinsonnons pour rendre l’endroit plus douillet. D’abord, le fil à linge. Je trouve que ça fait tout de suite plus civilisé, le linge qui sèche, non?

Et puis le mien en a besoin. J’enfile ensuite des vêtements secs, glisse le bas de mes jambières dans les chaussettes et pulvérise le tout d’insecticide.

Puis je finis par la cabane. Et voilà.

J’oubliais : avec vue sur le port. Et oui.

Sur quoi, la nuit tombe peu à peu. Outre les pétarades et les cornes de brume qui me parviennent d’outre-monde, l’ile grouille de bruits étranges.

Bon, et bien… A demain!

2 réponses sur “Une folle journée4 mn de lecture

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