Printemps pluvieux et variants Covid… Bof, hein? Allez, viens, je t’emmène au Yucatan.
Un peu en avance, je l’avoue. Mais les averses printanières et cette crise sanitaire qui n’en finit plus me rendent très impatient. En juillet prochain, je m’en vais en effet descendre au coeur de ces gouffres immergés qu’on appelle les Cenotes, dans des eaux translucides, au milieu de paysages extraordinaires, cavernicoles et oniriques.
En 2008, j’y avais barboté pour quelques apnées timides qui m’avaient laissé sur ma faim et dont j’avais tiré de médiocres clichés.
J’y retourne en juillet prochain et j’espère que cet article t’en apprendra un peu plus sur ces univers subaquatiques fascinants que j’ai hâte de retrouver et d’explorer pour de bon.
Que sont les cenotes?
Formations géologiques propres à la péninsule mexicaine du Yucatan, même si l’on en rencontre également en Amérique Centrale, ces aven forment un réseau complexe de galeries inondées : leurs bouches béantes s’ouvrent au ras du sol, dans la jungle, et leurs eaux tour à tour turquoise ou vert sombre s’enfoncent sous terre et ramifient à l’infini, labyrinthes d’eau douce et d’eau salée qui communiquent entre eux, disparaissent ou réapparaissent, puis finissent par se jeter dans la Mer des Caraïbes ou le Golfe du Mexique.
Comment se sont formés les cenotes?
Actuellement, on s’accorde à penser qu’ils sont le résultat d’un effondrement des terrains calcaires minés par l’érosion et situés au-dessus de rivières souterraines ou de grottes.
Cependant, par endroit sur la péninsule du Yucatán, on considère également que certains peuvent être le résultat d’un cataclysme prodigieux : celui de la météorite de Chicxulub qui s’est abattue là il y a soixante-six millions d’années, et à laquelle on attribue notamment l’extinction des dinosaures.
Tu te doutes que cette hypothèse a ma préférence, et que l’idée d’explorer en plongée ce gruyère du crétacé a tout pour me séduire. A commencer par le souvenir ému de ma première lecture de ce roman de Jules Verne :
Forcément.
Une curiosité propre aux cenotes : l'halocline
L’halocline est un phénomène chimique : différentes strates d’eau, chargées d’une densité différente notamment liée à la salinité, forment des couches séparées les unes des autres.
C’est un peu le même principe que la thermocline – couches d’eau de différentes températures – qu’on expérimente par exemple en Méditerranée. Il m’est ainsi arrivé, après une nuit de mistral du côté de Porquerolles, d’apercevoir une espèce de plancher liquide alors que j’étais déjà sous l’eau à environ vingt-cinq ou trente mètres de la surface. Ça ressemblait tout à fait à cette photo trouvée sur la Toile, prise quant à elle d’évidence dans un cenote. On est déjà immergé, et pourtant, on a le sentiment bizarre de voler au-dessus de la surface d’un bassin. Fascinant.
L’halocline est une spécificité des cenotes, liée à la présence d’eaux douces et d’eaux salées qui se côtoient sans se mélanger – ou presque. Lors de mon dernier séjour, en apnée, à Gran Cenote vers Tulum ou du côté de Chilquila et d’Holbox, j’avais eu la vision curieusement troublée par endroits, comme si de l’huile solaire de baigneurs s’était mêlée à l’eau translucide.
Or ce phénomène, quand il est vraiment marqué, offre des paysages absolument fantastiques, tels ceux du Cénote Angelita, au fond duquel semble couler une rivière qu’on dirait faite de gaz, et d’où dépassent les branches nues d’arbres morts.
D'où vient le mot "cenote"?
Dans la langue maya, le mot d’zonot signifie « puit sacré ». Il a été transformé sous l’influence espagnole en « cenoté ». Pour les mayas, ces gouffres liquides communiquaient avec l’inframonde, que l’on peut approximativement rapprocher des enfers de la mythologie grecque – mais si tu souhaites en avoir une idée plus précise, je te conseille la lecture du Popol Vuh.
Dans les cités importantes, comme Chichen Itza, les cenotes constituaient à la fois des réservoirs d’eau douce et des puits sacrificiels. Je me souviens de l’impression que m’avait laissé celui de Chichen, quand j’avais visité pour la première fois les ruines au milieu des années 90. Un peu à l’écart, envahi de forêt : un large cratère circulaire de calcaire blanc envahi d’eau verte. Je m’étais imaginé des empilements d’ossements sous la surface.
A l’époque, l’idée d’y plonger ne me serait pas venu à l’esprit, ou m’aurait fait grimacer de dégoût.
Aujourd’hui, j’ai hâte. Va comprendre!
Je suis rentré!
Clique sur l’image ci-dessous pour accéder au récit complet de cette fantastique aventure.
Bravo pour cet article qui est d’ailleurs plutôt un reportage, même si tu ne reportes pas encore !
Tes explications sont claires comme l’eau des Cenotes et c’est vrai qu’il y a dans ces cavités un inquiétant (et donc fascinant), côté mystérieux qui attire l’oeil et l’âme….
Have fun Patrick !
Merci de ton compliment, Philippe. Je pense que ça va être pas mal, en effet 😉