Rien à voir avec Mao, hein, c’est juste que… Bon. Où en étais-je ? Ah, aujourd’hui. Alors…
A peine parti, je m’arrête d’abord à Bois d’Amont.
Moins désert que la photo ne le laisse croire – ou que je ne le craignais. Je trouve un tabac, des barres chocolatées pour changer du cake, et un syndicat d’initiative pour me procurer les cartes qui me manquent. Comme la 4G s’y affiche de surcroît plein pot, je profite d’un café ouvert pour boucler l’article d’hier. Sur quoi, je me mets en route.
La GTJ suit des pistes de ski de fond dont la monotonie me rappelle la Combe de Cive. Purin en moins. J’avance machinalement. Dit autrement : je m’ennuie.
Du coup, je m’amuse pendant un quart d’heure à photographier des herbes sèches.
En contre haut, un skieur de fond curieusement vêtu d’un gilet jaune s’est arrêté et me regarde. Je le fixe à mon tour, sourcils froncés, puis je le reconnais d’un coup : c’est Julien, du refuge chez l’Aimé! Il me demande si j’ai trouvé la Gare du Nord. Je réponds par l’affirmative et précise que j’ai aussi salué de sa part le chalet Gaillard. Il me demande où je vais – je le lui dis et lui avoue que je me traîne le long de cette ligne interminable. Il me conseille alors une piste pas très loin, la petite Laponie. Tu verras! Magnifique. Au bord du lac. Vas-y !
La petite Laponie?
On s’y croirait. J’abandonne d’emblée le parcours de ski et marche au jugé entre les bouleaux et les ruisseaux. Parfois, l’absence de trace me fait des blagues…
Mais je suis récompensé par l’arrivée sur le lac gelé des Rousses.
Sur la grève, les mouillages attendent le retour des barques – lesquelles, l’hiver, migrent vers les pays chauds, c’est connu.
Je fais une halte un peu plus loin, assis sur mon sac. Puis je reprends la piste pendant quelques kilomètres jusqu’à une cahute, au croisement d’un entrelacs de traces sinueuses. La GTJ semble incliner à gauche. Je décide de déchausser et de me détourner vers les Rousses.
En ville, j’entre dans une échoppe de produits locaux : j’achèterais bien tout le stock de ce brave monsieur, qui trône tout sourire entre ses bocaux, sa charcuterie et ses meules de fromage, mais je marche sans porteurs. Ça se fait moins, de nos jours, les porteurs. Les pique-niques avec tables en chêne et chandeliers d’argent non plus. On ne sait plus vivre. La preuve : je n’emporte qu’un petit saucisson. Nature. En m’excusant presque.
En centre-ville, je m’attable devant une salade succulente – laquelle compense le repas d’hier soir, véritable scandale gustatif – et mon attention est attirée par l’étage de la brasserie d’en face.
Inexplicablement, je pense à Dominique Strauss Kahn.
Je quitte les Rousses.
Retrouve la forêt un court instant.
Avant de replonger dans les dunes de neige.
A n’en plus finir.
Mon étape du jour annonçait 16 kilomètres. Le détour par la Laponie et les Rousses auront un peu étiré l’élastique : mon podomètre, imprécis, m’informe que j’en ai déjà couvert 18. La découverte de ces panneaux me tire donc un soupir.
Je dors à la Darbella. Dans 5 kilomètres.
Mais : n’est-ce pas moi qui me plaignais il y a deux jours encore d’etapes trop courtes? Faut savoir! Allez, zou. Sans blague.
Je ne sais pas très bien où se situe l’hôtel. IPhiGéNie me met des Darbella un peu partout, dont une Darbellaz, et j’ai noté que mon étape se situait à Prémanon, ce qui complique encore la donne par rapport à ma position. Je tente un coup de fil à l’auberge : pas de réponse.
En surplomb, à environ un ou deux kilomètres par la piste, j’aperçois une station de ski. Ça doit être là…
– Non, me dit un jeune skiman dans une boutique. Plus loin. Par la route, un petit kilomètre.
Route donc. Voitures. Bruit. Odeurs des gaz d’échappement. Je longe un bâtiment d’apparence soviétique en me demandant avec une légère appréhension s’il s’agit de mon terminus. Mais non. D’ailleurs, l’ensemble a l’air condamné.
Puis je finis par arriver.
Le temps de transformer un placard en séchoir à lessive…
Je descends ensuite jeter un œil à la terrasse côté pistes. La météo annonce un virage à la pluie. Ces nuages qui montent semblent hélas le confirmer.
Bah! On verra bien. Pour l’heure : bière, article du jour, restaurant sur place. Hop.