On en garde dix3 mn de lecture

Dix titres parmi des milliers : petite sélection subjective de l’aventure.

En allant récupérer une commande récente de bouquins chez mon fournisseur préféré – la librairie Michel de Fontainebleau – j’ai reçu en cadeau un beau magazine grand format édité par les libraires indépendants : à l’intérieur, des auteurs choisissent une citation, présentent un court texte sur ce qu’ils voient de leur fenêtre d’écrivain et surtout, extraient dix livres fondateurs de leur bibliothèque personnelle.

Après avoir parcouru les choix de ces hommes et de ces femmes, je me suis interrogé sur les dix livres que je pourrais à mon tour tirer de mes rayonnages. Exercice intéressant, amusant, difficile, impossible! 

Et de là, je me suis dit : tiens? Pourquoi ne pas en faire un article du blog? Hop, aussitôt dit, aussitôt fait. Gardons-en dix, sur le thème de l’aventure.

1. Tintin, évidemment

Le Temple du Soleil est un chef d’oeuvre absolu : lu, relu, et relu encore, sans aucune lassitude. Quelle aventure! Découverte à huit ans et qui conditionne encore toutes les autres.

2. L'expédition du Kon Tiki

Emprunté à la bibliothèque du collège, en sixième ou en cinquième. Je l’ai dévoré, halluciné. Il a fallu plusieurs relances de la documentaliste pour que je consente enfin à le lui rendre, la mort dans l’âme. A la suite de cette lecture, j’ai pillé le rayonnage des aventures maritimes : Alain Bombard, Alain Gerbault, Bernard Moitessier…

3. Water Music

Quand j’étais collégien, ma mère m’achetait toutes les semaines le fascicule d’une encyclopédie qui paraissait ainsi, en livraison hebdomadaire, et s’intitulait Découvreurs et conquérants : on y apprenait l’histoire humaine de toutes les explorations.

C’est dans l’un de ces feuilletons que j’ai suivi, entre autres, l’extraordinaire épopée de l’écossais Mungo Park.

Quand je vivais aux Antilles, j’ai découvert ce que le romancier TC Boyle avait fait du parcours de cet explorateur. Roman prodigieux, baroque, foisonnant. Depuis le Londres de la fin du XVIIIème englué de misère, aux étendues désertiques de l’Afrique pré-coloniale où l’on compte les distances en coups de soleil et de pustules, l’un de mes romans étrangers contemporains préférés.

4. Tout Jack London

J’ai rencontré Jack London au lycée. J’empruntais les volumes à la bibliothèque municipale et je les lisais en classe, discrètement, sous le pupitre. L’appel sauvage, évidemment, Martin Eden… Mais par-dessous tout, un texte pour moi surclasse encore le reste : faire un feu

5. Sur la route

Lu à dix-sept ou dix-huit ans. A influencé deux étés de pointillés aventureux en auto-stop, fatalement,  d’où sa présence dans cette liste. Je l’ai redécouvert il y a dix ans dans cette réédition du manuscrit original : un seul et unique rouleau de papier débité d’une traite sur la machine à écrire. Unique. 

6. Born to run

De vingt à quarante ans, j’ai beaucoup couru : sur du sable, des caillasses, du goudron, de la neige même. Un vrai petit Forrest Gump. Et puis il y a dix ans, une vilaine hernie discale a interrompu cette passion compulsive. Comme un fait exprès, c’est à cette époque que j’ai trouvé ce bouquin absolument incroyable. L’auteur, coureur lui aussi, souffrant en permanence de maux variés consécutifs à la course à pied, y part sur les traces d’un coureur surnommé le caballo blanco – une quasi légende qui cavale pieds-nus dans la Sierra Tarahumara en compagnie des indiens.

De l’aventure à l’état pur, des personnages inoubliables, et la révélation d’une facette de la course à pieds dont je ne soupçonnais pas l’existence.

Je l’ai offert à tous les amis coureurs que je connais.

7. L'axe du loup

Le Sylvain Tesson d’avant le succès, les affèteries stylistiques et les poses agaçantes. Peut-être, d’une certaine manière, le Tesson d’avant (sa) chute.

Outre la pure et époustouflante aventure qu’il relate ici, me reste de cette lecture l’image du narrateur, seul, perdu dans la steppe Mongole, attendant à l’abri de son cheval que passe le déluge comme un cavalier immémoriel.

8. Le Tibet sans peine

Une sorte d’anti récit de voyage, où l’aventure existe bel et bien, mais distanciée, se donnant à voir telle qu’elle est : une équipée d’amateurs, impréparés et dysentériques, dont l’inconscience cocasse frôle sans cesse la catastrophe. 

C’est évidemment très drôle – et très malin – et je revendique une part de cet esprit rieur dans mes Fantaisies Buissonnières. Cela étant, la Touraine à pieds, ce n’est pas non plus le Zanskar… 

9. Kong

De nouveau un roman, paru en 2017, mais qui concentre en lui tout l’esprit de l’aventure, avec un immense pouvoir d’évocation. S’attachant aux parcours romancés de Schoedsack et Cooper, auteurs de documentaires tournés dans des conditions dantesques, puis créateurs du célèbre King Kong, Michel Le Bris entraîne son lecteur dans un tourbillon prodigieux, entre les deux guerres mondiales, en compagnie de personnages hors-norme. C’est, et de loin, le roman français qui m’a laissé l’impression la plus extraordinaire de ces vingt dernières années. Je vais le relire, tiens.

10. Nourrir la bête

Pour finir cette liste, voici le dernier ouvrage que je retiens de mon rayon « aventures variées ». 

Al Alvarez, décédé en 2019, dressait en 2001 le portrait de l’un de ses amis : Mo Anthoine, un grimpeur britannique aussi modeste que phénoménal pour qui, nous apprend la quatrième de couverture, « boire des pintes avec ses potes était plus important que faire la une des journaux ».

Des parois européennes aux montagnes escarpées d’autres continents, grâce à l’amitié qui l’unit au narrateur, on s’attache à Mo, à son humilité, à son extraordinaire humanité et à ses exploits de grimpeur d’exception.

C’est l’un des plus beaux livres – sur l’escalade, la montagne, la liberté et la camaraderie – que j’ai lu dans ce sous-registre particulier qu’est le récit de grimpeur.

Voilà.

Et en même temps – comme dirait l’autre – il y a tant d’autres!

2 réponses sur “On en garde dix3 mn de lecture

  1. Merci Patrick !
    Belles invitations au voyage et à la lecture ….
    (Incroyable ce correcteur qui a transformé invitation en envitation….)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *