Plonger à Lanzarote7 mn de lecture

L’île de Lanzarote, la plus au nord de l’archipel des Canaries, offre des plongées magnifiques ainsi que des balades incroyables dans un univers minéral façonné par le volcanisme. Je t’emmène?

Sommaire

Avant propos

Les Canaries

Situé en territoire espagnol, dans l’Océan Atlantique à la hauteur du Sahara marocain, l’archipel des Canaries se compose de 7 îles principales – El Hierro, La Palma, La Gomera, Tenerife, Gran Canaria, Fuerteventura et Lanzarote (flèche jaune). Cet ensemble volcanique s’étale dans la douceur d’un printemps permanent, à seulement 4 heures de vol de Paris.

Lanzarote

La plus au nord, d’une taille moyenne, l’île de Lanzarote présente des paysages spectaculaires marqués par les volcans : lave noire, caldeiras ocre et beiges, village blancs…

Le tout entouré par l’océan.

Puerto del Carmen

A quinze minutes en voiture de l’aéroport, Puerto del Carmen est une station balnéaire assez étendue, bordée par plusieurs plages de sable jaune.

Mon hôtel – le THB Flora – est à dix minutes de marche de Playa Chica. Bien que j’ai loué une voiture pour sillonner l’île, je descends donc à pied tous les matins. C’est le club avec lequel je plonge, Aquasport diving, qui transporte mon matériel toute la semaine.

Je retrouve les moniteurs et les autres plongeurs sur le quai.

Notamment Anne et Denis, rencontrés aux Maldives, que j’ai recroisés cet hiver au salon de la plongée et que je rejoins dès le soir de mon arrivée pour un resto panoramique au petit village d’El Golfo.

Sur l’île, je retrouverai également Philippe, un collègue professeur aujourd’hui en grandes vacances permanentes, qui séjourne à Playa Blanca avec sa femme et ses enfants. Drôle!

Revenons à la plongée. Sur le quai, tous les matins, une fois équipé avec le lourd matériel sur le dos, on part tantôt de la digue par un escalier moussu…

… tantôt de la petite plage, selon les endroits qu’on va visiter.

Il arrive aussi qu’on prenne le zodiac pour aller un peu plus loin, toujours sur la côte.

Détaillons tout cela.

Les sites de plongées de Puerto del Carmen

Ces magnifiques fonds de carte sont extraits du site suivant : https://www.dawndiveslanzarote.com/fr/sites-de-plongee

On y trouve les topos et la liste de tous les sites de plongée sur lesquels je suis allé mais que je ne vais pas présenter un par un pour ne pas rendre la lecture fastidieuse. Je préfère classer les plongées en fonction des ambiances et des espèces croisées. Ainsi :

Roches, grottes et tombants

Comme on le voit sur la carte ci-dessus, la géologie subaquatique est typique des formations volcaniques : on reconnaît parfaitement les coulées de lave consécutives aux éruptions. Sous l’eau, cela forme des petits tombants travaillés de grottes et de surplombs, parfois percés de trous comme le Blue Hole qui traverse la roche sur une dizaine de mètres.

Comme la roche est volcanique, après notre passage dans les grottes, lorsqu’on remonte sur le plateau, nos bulles forment de fins rideaux qui traversent la roche. Comme à la « grotte à corail » de Nice. Marrant.

Sur certains tombants, comme celui qui précède l’immense  grotte d’El Catédral, l’ambiance est très belle à 45 mètres. On y croise du corail noir que j’ai fort mal photographié pour des raisons bêtement techniques : alors que je pensais à un défaut de ma lampe, mon appareil était en fait mal réglé et tout était sous-exposé, mon flash tapant de surcroît à côté du sujet. Vicissitudes de la prise de vue sous-marine! Le corail noir, c’est l’espèce de fougère dans la pénombre.

Voici les formes tortueuses de la lave, vues de plus près.

Comme je le disais plus haut, outre les grottes, la géologie forme des surplombs pleins de vie, dont les découpes contrastent avec le sable blanc 

On explore les surplombs à la lampe, pour y découvrir tout ce qui se cache dans les anfractuosités et que je vais te présenter dans quelques instants.

On circule dans des boyaux amusants – et tu connais mon goût pour les grottes submergées.

La faune

On trouve des anémones encroûtantes orange, comme en Méditerranée, du corail noir, donc, et quelques belles anémones bulbeuses. 

Mais le plus spectaculaire, c’est le corail orange, de toute beauté quand ses polypes prennent le courant. Le voici vu d’ensemble…

Puis de très près.

Il y aussi quantité de nudibranches, dont la si photogénique flabelline mauve, flabellina affinis, drag queen baroque.

… ou bien la coryphelle pédieuse, coryphella pedata, bel alien des profondeurs.

Flabelline ou coryphelle : pétales d’animaux-fleurs ballotés mollement par le courant.

On trouve aussi de grosses doris, comme celle dite « de Cantabrique »…

Ainsi que sa cousine, la doris de Valenciennes, la tête enfouie dans les algues et qui nous expose ici son panache branchial – façon scientifique de dire qu’elle nous montre en fait… son cul.

Il y aussi de minuscule glossodoris violette…

Les incontournables dalmatiennes, bien sûr, qu’on voit aussi beaucoup en Méditérranée et qui ne sont jamais loin des anémones encroûtantes orange.

Pour la première fois, j’ai rencontré la tylodine jaune, belle hétérobranche qui vit à proximité d’une éponge avec laquelle elle se confond et dont elle se nourrit. En haut, la tylodine, en bas, l’éponge. Ma photo n’est pas très réussie. On la voit mieux à ce lien.

Enfin, pour clore la galerie des mollusques, je te présente le très étonnant lièvre de mer. Pas très gracieux, ce qui ne l’empêche cependant pas d’entretenir une activité sexuelle frénétique avec ses congénères. Comme quoi : chaud lapin.

Dans les curiosités endémiques, on rencontre également l’amusante et gracile araignée à nez pointu, toujours en compagnie d’un gros oursin noir.

Dans les grottes, on trouve  aussi des cigales de mer – cousines de la langouste. Miam miam.

Et quantité de crevettes. Miam bis. On les reverra d’ailleurs plus loin, sur terre, dans une position plus culinaire!

Et puis, à faible profondeur, une dizaine de mètres à peine, on croise aussi, merveilles des merveilles, de gracieux hippocampes.

Accrochés par la queue, craintifs, ils se balancent dans le léger courant et sont difficiles à photographier, sinon en s’allongeant sur le sable pour attendre que, curieux, ils pointent le bout de leur rostre de profil.

Magique, non?

Bien entendu, il n’y a pas que ces miniatures extraordinaires. On croise aussi de plus gros spécimens.

Ce qui est amusant aux Canaries, et je l’avais déjà remarqué en plongeant à Tenerife, c’est le mélange des espèces. On peut ainsi voir des girelles paons, très méditerranéennes…

… des mérous, évidemment, dont l’épiderme fragile et laineux se prête à tous les jeux de mots sur les zodiacs : la peau de Mérou pète, la peau de Mérou se tond, j’en passe.

Comme en Méditerranée, toujours, on peut apercevoir des mostelles dans les trous, passée la barre des 40 mètres.

Il y a également des poissons qu’on rencontre d’ordinaire dans les mers tropicales, tel le poisson-trompette – ma photo est catastrophique mais au moins on le reconnaît…

… ou bien les perroquets mangeurs de corail.

Comme en Méditerranée, on croise des seiches posées sur le sable…

… ou voletant avec leur drôle de tutu.

Et comme sous les tropiques, on trouve des raies : aigle, léopard, torpilles, ou bien simplement pastenagues comme celle-ci.

Et puis quantité de soles qui rasent le sable, avec leur drôle de trogne cubiste et leur tapisserie mimétique sur le dos.

Les petites rascasses…

… fréquentent d’amusants poissons-coffres…

… et les castagnoles sont plus grosses qu’en Méditerranée, avec une robe plus claire, tirant sur le jaune davantage que sur le brun.

Le requin ange

La vedette locale.

Son nom scientifique est squatina squatina, et si tu souhaites tout savoir à son propos, je te conseille la visite de Doris, le site de référence en matière de biologie sous-marine. 

Et d’ailleurs, moi-même, lisant la fiche, je découvre ceci :

« L’ange de mer est très probablement à l’origine du nom de la célèbre « baie des Anges » niçoise, grande baie qui borde la capitale azuréenne entre le cap d’Antibes et le cap de Nice. Les pêcheurs locaux ramenaient fréquemment dans leurs filets un requin dont les nageoires pectorales rappelaient la forme des ailes d’un ange. Ils baptisèrent donc logiquement ce lieu : la baie des Anges. »

Merci Doris! Et amusant le lien avec Nice : les copains de l’Ulysse apprécieront.

La plupart du temps, le requin-ange est ensablé, caché, à la sieste. Si ce n’était l’oeil habitué des moniteurs qui le montrent du doigt, on passerait au-dessus sans l’apercevoir.

En y regardant de plus près, on découvre sa forme particulière. On dirait un fossile, non?

On le trouve parfois partiellement ensablé, et sa forme est alors encore plus remarquable.

Il arrive même qu’il soit posé sur les roches et les algues, comme dormant. On peut alors s’en approcher, avec d’infinies précautions pour ne pas se faire gober une main – ce qui serait ballot – et lui tirer alors le portrait en gros plan.

Et puis, dans ces moments formidables qu’offre la plongée, il arrive également qu’on puisse observer – et photographier – le requin-ange en pleine eau, nageant au ras du sable.

Playa blanca

Lorsqu’on s’éloigne un peu de la côte, comme au large de Playa Blanca, les récifs sont surpeuplés. Les bancs de poissons s’entrecroisent, arpentés par les prédateurs : bonites, carangues, barracudas. La vie foisonne. « Poissonne », devrait-on dire.

Petite anecdote : sur le quai où l’on s’équipe…

… un plongeur d’un autre groupe attire l’attention : c’est Robert Knepper, un acteur américain habitué aux rôles de vilains. Affable au naturel, il se prête très gentiment aux selfies – ceux des autres parce que moi, je ne sais pas faire, je ne supporte pas l’idée d’être importun.

Museo

Le bad boy de la série Prison Break est sans doute ici pour les mêmes raisons que nous : plonger parmi les étonnantes statues immergées du Museo Atlantico, oeuvre d’un sculpteur anglais – Jason deCaires Taylor – qui s’est spécialisé dans des oeuvres subaquatiques.

Je vais être honnête : je pensais initialement me retrouver face à un truc très moche, un artifice attrape-touristes d’un goût approximatif. Douteux voire.

Et bien non : c’est onirique, troublant, très réussi. Les sculptures ont été moulées sur des habitants volontaires de l’île, ce qui leur confère un réalisme étonnant. 

On nage – vole? – en suivant un parcours dont tu trouveras ici le détail

Pour toutes ces belles plongées, merci à Géraldine et Eric, d’Aquasport diving, ainsi qu’aux moniteurs Thomas, Sébastien, Raoul, Loïc, avec lesquels j’ai partagé bulles et bonne humeur.

A terre

L’île de Lanzarote est photogénique à souhait. Les couleurs dominantes sont l’anthracite de la lave, les pastels beiges des volcans, les teintes brique des roches, le vert des vignes, des palmiers et des cactus, le blanc chaulé des maisons percées de volets verts.

J’ai choisi de ne pas faire de description touristique : les guides du commerce y pourvoient très bien et ce n’est pas la vocation des Fantaisies.

Juste deux conseils :

La location de voiture à la semaine, depuis l’aéroport ou l’hôtel, est indispensable pour sillonner l’île sur des routes parfaites – de vrais billards. 

Concernant le sublime parc naturel de Timanfaya – interdit aux randonneurs mais qui se parcourt en bus touristique, pas trop mon truc – je recommande de faire la boucle à pied de la Caldeira Blanca (3 heures, 500 mètres de dénivelé, aucune difficulté en faisant attention où on met les pieds et à condition de l’éviter par grand vent). Du point culminant du volcan, on a une vue à couper le souffle sur le parc. Il n’y a personne, ou presque, et le paysage est tout simplement lunaire. 

J’oubliais : trois restaurants m’ont beaucoup plu. Macher 60, à la sortie de Puerto del Carmen,  Dunas de Famara, en hauteur de la plage des surfeurs de Famara, et une petite terrasse qui ne paie pas de mine, à Playa Quemada, la Casa Tino, où l’on retrouve les belles crevettes croisées dans les grottes.

Pour finir, petit florilège de vues terrestres.

Si cette promenade en terre canarienne t’a plu, n’hésite pas à me laisser un commentaire. Des questions? Ecris-moi via le formulaire.

4 réponses sur “Plonger à Lanzarote7 mn de lecture

  1. J’ai relu cette publication et en ai profité pour te piquer quelques photos !
    Un vrai plaisir d’apprendre car c’est bien documenté en plus !
    Bravo !

    1. Merci Anne!
      Pour les photos, si tu veux, je les ai aussi sur des formats moins comprimés. Prend une clef USB pour le week-end forestier, bises,
      Patrick

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