Nice diving7 mn de lecture

Pas d’anglicisme ici : ou alors, en jouant sur les mots. Plonger à Nice? Oh que oui, j’espère que cet article t’en convaincra.

En ce qui me concerne, j’ai dû faire plus d’une centaine de plongées dans le secteur, toujours avec Stéphane, le patron de Nice-Diving. J’aime l’ambiance qui règne sur le bateau, même en août, au plus fort de la saison – mais il y a plus de place à bord en septembre ou au printemps, évidemment.

On retrouve chaque année un kyrielle d’habitués locaux et la convivialité n’est jamais au détriment de la sécurité, preuve qu’on peut aisément se marrer sans que le sérieux n’en pâtisse – signe d’intelligence sans esbroufe.

Pour te donner une idée d’un mois d’août passé à bord de l’Ulysse, je reprends ci-dessous quatre articles rédigés l’été 2018.

Bonnes bulles!

Comme un lundi

7 août 2018.

Vacances, certes, mais rendez-vous tout de même au bureau à 9h00. On n’est pas là pour rigoler.

A bord de l’Ulysse, l’un des deux bateaux de Nice Diving. Avec les pointus en voisins.

Vague effervescence matutinale…

Là-dessus, hop. Cap à l’est.

Pilotés par Stéphane, capitaine et patron du club.

On s’ancre au tombant des Américains, au pied du palais Maeterlinck.

Une falaise sous-marine sublime qui commence à 42 mètres et plonge sans fin sur plus de cent mètres dans un bleu profond irrésistible.

Pour un topo exhaustif sur cette plongée particulière, tu peux suivre ce lien.

Binômes du jour : Frédéric, alias « l’homme de Rungis » et Bobby, alias… Bobby.

Eau à quinze degrés annonce l’ordinateur. Tant mieux : canicule en surface…

Gorgones à 50 mètres. A la lumière du jour, à cette profondeur, les voici d’un bleu profond.

Eclairées, elles sont d’un beau rouge bordeaux.

On y trouve parfois des gorgonocéphales : des animaux qui ont tout l’air de végétaux sortis du carton à dessin de Tim Burton…

Au bord du tombant, à 60 mètres, l’ambiance est fantastique.

Les abysses sont vertigineuses…

Appendice : l’expédition Gombessa V

J’ajoute ici un petit article publié en 2020, à la suite du visionnage sur Arte, en septembre, du documentaire que Laurent Ballesta et son équipe ont consacré à leur incroyable aventure en Méditerranée.

Immergés pendant 28 jours à une pression équivalente à 120 mètres, ils ont pu parcourir des zones profondes inaccessibles aux plongeurs à l’air et en rapporter des images extraordinaires.

La bande annonce de cette expédition est disponible au lien suivant.

Le documentaire, déjà captivant en soi, permet également d’apercevoir ce célèbre tombant, d’une manière impressionnante que je ne soupçonnais pas. Ainsi, on a découvert plus haut ce que je vois d’ordinaire quand, passées les belles gorgones bleues à 40 mètres…

…on parvient à ces gorgones fixées à 65  mètres au dessus de l’abysse, qui marquent la zone ultime de notre limite : la narcose à l’azote deviendrait plus bas dangereuse à contrôler, puis, passés les 80 mètres, ce serait cette fois l’oxygène contenu dans l’air comprimé que nous respirons qui deviendrait fatal.

Du coup, ce que je n’avais jamais vu, c’est cette image extraordinaire prise par Laurent Ballesta.

Dingue, non?

Appendice 2

Nouvel ajout à l’article précédent : en décembre 2023, trente ans après leur disparition, on a retrouvé les corps de deux plongeurs coulés sur les Américains. J’en parle ici.

Remontons le long du tombant.

Une doris dalmatienne, dans un creux. C’est un nudibranche. Dit autrement : une limace de mer, mais les connotations de ce nom commun ne lui rendent pas hommage.

J’adore les nudibranches. Tenez, en voici un autre : la flabelline mauve, environ 10 millimètres de danse gracile.

Belle, non?

On poursuit la remontée progressive vers la lumière en haut du tombant.

Ambiance entre les gorgones à 40 mètres, tandis que l’ordinateur annonce le passage en mode décompression. Cette belle balade va se payer au palier…

Tant pis. Allons voir les mérous.

Quelques nouvelles minutes à 35 mètres. Une jolie comatule…

Puis, plus haut, cette belle anémone…

Et nous voici de retour sous le bateau.

Il n’y plus qu’à tourner sur l’herbier de posidonies en attendant la décompression, l’oeil rivé sur l’ordi.

Belle ambiance sur la prairie sous-marine.

Dialogue avec les petits échinodermes…

Puis retour sur le bateau. Rosé au soleil. Navigation retour et restaurant de poissons sur le port, plus une bière due à Bobby qui a su rester à 60 mètres pile – notre impératif – tandis que je débordais de 0,6 mètres.

Après-midi tranquille ensuite, en compagnie de Damien qui forme une jeune femme au niveau 1…

Puis escorte d’Hugo, petit cousin en visite qui en profite pour faire un baptême et découvrir à son tour les joies de la plongée.

Mordu Hugo. Forcément.

Pas mal pour un lundi.

Du bonheur de se faire larguer

Deux façons de plonger : au mouillage, ou bien avant que le bateau n’ait pris sa position sur la côte, c’est-à-dire largués en pleine eau. J’adore!

Pour se faire larguer : mode d’emploi.

Il faut se préparer assez vite à la poupe…

Puis attendre le bon moment. Prêts. Impatients.

On dirait un teletubbies, non?

Un coup de corne – ça fait « reuh! » comme dans les vieux films de sous-marin – et hop! Saut droit, bouillon de bulles, rapide check-up de surface…

et on s’immerge pour descendre dans le bleu.

On vole au ras des gorgones.

Puis on longe le tombant. Ambiance!

On rase le bord de la falaise à 60 mètres.

On ne reste pas très longtemps à cette profondeur. Le temps d’admirer des langoustes – ici, l’autofocus fait des siennes dans le caisson… Ça arrive parfois sur les plongées profondes.

Puis on remonte, en s’amusant des silhouettes des copains au-dessus, qui ressemblent pour le coup vraiment à des grenouilles.

Sur quoi, on retrouve le plateau puis on décompresse gentiment dans l’eau redevenue chaude (28°en surface contre 16° au fond).

Là, on joue avec les poulpes.

On regarde voler les nuages de castagnoles.

Une anecdote à propos des castagnoles : adulte, leur corps est brun-roux. Juvéniles, elles sont d’un beau bleu-électrique, presque fluorescent. Mais le drôle, ce sont les ados : tête bleu-électrique et corps brun-roux. J’essaierai d’en photographier une prochaine fois.

On se pose pour observer les blennies.

Bref : on profite du palier.

Dernier avantage, quand on se fait larguer : on est peinard à la remontée.

Premiers sur le bateau, on est à l’aise pour se déséquiper et rincer le fourbi.

Et surtout : on est les premiers à l’apéro pour fêter tout ça!

Coule la semaine

Dans les deux précédents articles, on aura compris l’essentiel du quotidien version Nice Diving : le rendez-vous au port à 9h00, les retrouvailles entre habitués, le gréement du bloc et la glandouille conviviale à la proue, puis la navigation, le largage ou le saut au mouillage selon les conditions et c’est parti pour 50 minutes de trip subaquatique. Parfois 60 les jours fastes.

Sur quoi, rinçage et rangement du fourbi suivi de la saucissonnade apéritive.

Ce qui pourrait paraître routinier ne l’est pas.

Chaque plongée est différente. La luminosité, la visibilité, la faune, la température, le courant, la houle de surface : tout est mouvant, changeant, éternellement renouvelé. Impossible de se lasser!

A ce régime, évidemment, le temps file à toute allure et j’ai un peu négligé le blog ces dix derniers jours.

Rattrapons-nous, donc, et courons à la recherche du temps passé. Mais pas perdu.

Un événement météorologique inhabituel lundi dernier : un matin de pluie.

Pas gênant. Et puis sous l’eau, j’aime bien regarder tomber la pluie sur la surface, grêle d’impacts en forme d’yeux ronds au plafond que j’observe au chaud dans la combi – déjà mouillé, donc serein.

Autre avantage de la pluie en littoral méridional : ça se dégage vite.

Et quand le soleil réapparaît et joue sous la surface, la lumière et l’ambiance dessinent des paysages oniriques qui rappellent les cenote mexicains, ces trous d’eau douce qui gruyèrent le sous-sol du Yucatan.

Les plongées se succèdent, toutes plus belles les unes que les autres.

Pour changer, je suis équipé cette fois d’un puissant éclairage vissé sur le caisson étanche de l’appareil.

J’aime pourtant beaucoup le paysage tel que le voit l’oeil sans apport de lumière blanche. Mystérieux. Romantique en diable.

Mais avec l’éclairage, les belles gorgones, déjà magnifiques quand elles sont bleues, révèlent leur belle robe pourpre.

Les bouquets d’anémones – dites “encroûtantes orange” – sortent de leur anonymat verdâtre.

Le corail rouge mérite enfin son adjectif.

Petite explication : comme on peut le découvrir en suivant ce lien, la couleur rouge disparaît dès les premiers mètres, puis l’orange s’efface, ensuite le jaune. A partir de 30 mètres, restent le vert et le bleu. Et à soixante, tout est d’un beau bleu profond, qu’intensifie encore une légère ivresse due à l’azote.

Dès lors, pour photographier par exemple le corail rouge dans une grotte, l’utilisation d’un phare devient nécessaire. Le mien diffuse largement une lumière homogène de 2500 lumens, ce qui correspond à une ampoule de 250 watts.

Le blanc neigeux qui sort du corail, ce sont les polypes, c’est à dire l’animal. La grotte en est hérissée. La protection draconienne des sites a du bon : dans les années 80, pour trouver du corail rouge, il fallait descendre très profond. Ici, il est à 20 mètres et même les niveaux 1 encadrés peuvent en profiter.

Certains poissons, eux, restent verts et brun – c’est leur livrée – mais l’éclairage précise tous les détails. Tel l’oeil rouge de cette jolie blennie bien nommée “cabot”.

Les barracudas, en revanche, rendent mieux en bleu. J’adore nager dans leur banc, au plus près.

Il s’écartent nonchalamment et, s’ils sont sur leur territoire, forment une danse en spirale autour des plongeurs. Pas menaçante du tout. Indifférente. Hypnotique.

Evidemment, les langoustes sont également beaucoup plus appétissantes en rouge et jaune. J’en salive dans le détendeur. De retour au port, d’ailleurs, je n’hésiterai pas longtemps en parcourant la carte du restaurant…

Autre avantage de l’éclairage, de brune, cette belle comatule écarlate se révèle flamboyante. C’est un animal, pas un végétal. Un échinoderme comme les oursins ou les étoiles de mer. Fascinant, non?

Sous l’eau, la confusion entre végétal et animal est permanente. Telle cette petite hervia – l’une de mes chères limaces colorées – posée sur la tige d’une algue dont elle semble la fleur.

Ou bien cette magnifique flabelline mauve.

Ou bien encore la doris dalmatienne, déjà aperçue dans un épisode précédent, et qui joue ici les crêpes suzette.

A quoi s’ajoutent quelques méduses. La plus commune, inoffensive :

Rhizostome – dite aussi poumon de mer. Ou bien cette pélagie, nettement plus urticante. Mais tellement élégante!

Ou bien encore cette dernière, appelée « oeuf sur le plat »

Plus tous les poissons communs de méditerranée, que je ne photographie pas toujours parce que je ne veux pas passer la plongée l’oeil rivé à l’objectif : serrans, girelles, corbs, saupes, sars, daurades…

Parfois, également, on ramasse quelques coquilles : des tests d’oursins, des coquilles d’ormeaux dont la nacre luit au soleil, des porcelaines… souvenirs. Mais on trouve aussi des choses plus imposantes, telles ces deux parties de grande nacre vide que tient Fred – mon binôme.

La grande nacre est un bivalve endémique de la Méditerranée, lié à l’herbier de posidonie. Hélas, elle a été dévastée en 2019 par un minuscule protozoaire. Elle est aujourd’hui en voie d’extinction.

Cet article en ligne de Géo t’en dira plus sur cette situation dramatique.

Danse avec les sars

Fin août. Dernière plongée avant le retour. Autant en profiter, non?

Immersion matinale…

Gorgones en moucharabiehs…

Flabelline et hervia…

Contournements de filets…

Comatule, orange cette fois.

Un congre, farouche, dans son trou à 60.

Et on remonte du fond, en binôme avec Bernard.

Le temps de discuter avec une murène…

On retrouve ensuite les sars du titre, propices à tous les calembours – les sars dînent à l’huile, etc…

Puis, enfin, on prend quelques minutes à regarder l’échelle du bateau avant de remonter à bord pour une dernière fois.

Avant la prochaine!

Dans la bibliothèque

Pour compenser l’éloignement de la mer, les grises journées d’hiver, j’aime feuilleter quelques livres qui me ramènent en Méditerranée.

Le sublime Planète Méditerranée, de Laurent Ballesta, publié à la suite de l’expédition Gombessa V, est incontournable.

J’ai également découvert récemment (2022), ce merveilleux livre de Samuel Jeglot et Stephane Jamme, Plongées méditerranéennes. Instructif. Sublime.

Parce qu’il est dommage de ne pas savoir identifier ou nommer tout ce qu’on rencontre sous l’eau, ce guide illustré est très commode. Les photos sont fidèles et on s’y retrouve facilement.

Enfin, si, comme moi, tu restes fasciné par le monde merveilleux des nudibranches, ce dernier ouvrage d’un biologiste marin spécialiste de cet univers coloré te comblera.

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