Quel titre, n’est-ce pas? J’accuse un coup de fatigue, côté créativité. Mais 439 kilomètres dans les pattes depuis samedi. Quasi la moitié du périple.
Allez : récit du jour, lequel était par ailleurs riche et chouette. C’est parti.
Réveil compliqué ce matin. Dur de sortir du lit à 7 heures. Je n’ai pas très bien dormi et l’hôtel, calme, n’y est pour rien. Ça arrive.
Paradoxalement, une fois douché et rassasié par le petit déjeuner, ça va mieux. Un coup d’oeil dehors…
Un peu de brume, le ciel bleu qui ne demande qu’à poindre, 2 degrés, ok… Je récupère mon vélo au garage de l’hôtel et je tourne un peu en rond, à cause des sens interdits. Je repasse au pied de la basilique.
Après quoi, je repars un court moment sur mes traces de la veille, le long du canal…
… que je traverse à une bifurcation, avant de grimper dans le brouillard humide…
… pour retrouver la piste cyclable, pas hyper fréquentée.
La piste rectiligne part en point de fuite dans la brume, entre bocage et taillis forestiers.
Au loin : des bleds.
Le chemin est magnifique. Plein de senteurs : feuilles mortes, fumées de cheminées lointaines, odeurs de foin par endroits…
Depuis que j’ai arrêté de fumer, j’ai un odorat de loup-garou!
Derrière la brume, le soleil n’est pas loin. Je commence à sentir son effet : je dégivre.
La route est toute droite. C’est beau, mais je m’ennuie un peu. J’ai mal à la base de mes paumes. Main gauche, l’auriculaire et l’annulaire sont pleins de fourmis depuis trois jours.
Je profite donc de ma solitude pour avancer sans les mains, en faisant des moulinets avec mes bras.
Un écureuil franchit la piste cyclable devant moi. Je freine net et le regarde grimper sur un saule. Petit malin, qui court sur le tronc face cachée. Malin mais curieux. Suffit d’attendre, et hop. Coucou!
A Saint-Yan, je m’amuse du terrain de basket désert qui me rappelle ceux du Yucatan.
Je passe sur un pont magnifique, rien que pour les vélos, la classe…
… du haut duquel j’aperçois un taureau tout seulâbre, qui réfléchit au sens de la vie.
Le soleil perce enfin le brouillard. Je tombe la doudoune et remise les gants complets.
Plus loin, je m’arrête le long d’un champ, intrigué. Qu’est-ce donc? Un nouveau modèle d’arrosage agricole? Une performance de land-art?
Raté.
Ici, les vaches regardent donc passer les avions. Ou moi, à défaut.
Je longe des bleds, encore. L’influence romane y est notable.
De temps en temps, je croise des cyclistes, plus nombreux sur cet axe que depuis le départ. Certains répondent à mon bonjour, d’autres m’ignorent royalement.
Vers 13 heures, je m’arrête pique-niquer sur un banc.
J’observe, fasciné, les troncs des saules en face de moi, qui se détachent sur le ciel bleu et que je trouve très graphiques.
Un peu plus loin, je retrouve la Loire. Le soleil chauffe à présent. 14 degrés! Je tombe mon gros sweat.
Je passe Marcigny sans me donner la peine d’aller voir dans le village, que je suppose désert et fermé – peut-être à tort – et je continue sur la piste cyclable qui longe une nationale.
Je me dis, une fois de plus, que ces voies vertes dédiées aux vélos sont vraiment de belles initiatives.
Et sur ces pensées, j’arrive à Iguérande. Intrigué par la forme caractéristique d’un bâtiment qui ne peut avoir été qu’une gare, je comprends tout d’un coup que la piste que je suis recouvre en fait un ancien chemin de fer!
Il reste même le quai, engazonné.
Je tente d’imaginer les lieux, autrefois, et je me promets, dès ce soir, en rédigeant l’article du jour, de trouver une vieille carte postale qui représente la gare d’Iguérande en activité. C’est chose faite :
Incroyable, non?
Quelques kilomètres de plus me font traverser la Loire et m’amènent ensuite à Briennon.
A Briennon, je découvre un nouveau canal que je vais suivre : celui de Roanne à Digoin.
Au passage, je m’informe.
Puis je m’engage sur la piste cyclable qui recouvre l’ancien chemin de halage.
Un vent important secoue les branches et fait pleuvoir des paillettes de feuilles d’or.
Pendant cinq minutes, je m’échine à tenter de saisir en photo cette poésie lumineuse. En vain.
Je reprends donc la route. Constatant au passage que le vent, en l’occurrence, je l’ai méchamment dans le nez. Jusqu’à Roanne, où j’en bave en arrivant le long d’une casse étrange, hommage sans doute aux bouchons légendaires de la Nationale 7.
Puis j’arrive au port de plaisance de Roanne et je me repère pour bifurquer vers le centre-ville.
J’active le plan pour trouver mon hôtel, qui se trouve en face de la gare.
Je galère à cause des travaux et des sens interdits…
Mais finalement, j’arrive. Il est tôt, même pas 15 heures 30. La chambre est classique, mais propre.
J’y mets illico le bazar…
Je prends une douche bienvenue – la chaleur et le vent contraire m’ont fait suer, à tous les sens du terme – et je file faire un tour en ville.
Je traîne un peu pour trouver un restaurant du soir, mais rien ne m’inspire. Et de toute façon, tout m’a l’air fermé, à l’image de la Rue de la Soif locale.
Je me rabats donc sur une épicerie où j’achète une barquette de concombre et une salade industrielle. Je dinerai dans ma chambre.
Je m’y offre d’ailleurs la bière du mini-bar, accompagnée de quelques miennes cacahuètes – mon quart pliable est au poil en ramequin.
En regardant le soir tomber sur la gare, très photogénique.
Et sur ce : au lit! Il est déjà 22 heures et demain, j’appréhende un peu la route – le dénivelé surtout – qui doit me mener dans les gorges de la Loire.
En résumé
Parti de Paray-le-Monial à 9h00 ce matin, je suis arrivé à Roanne à 15h30.
Mon compteur m’annonce 66,20 kilomètres parcourus, pour un temps total de pédalage de 3 heures et 59 minutes. Autant dire 4 – il est d’un pointilleux ce bidule!