Du billard à Briare5 mn de lecture

Bon. J’en conviens, on dirait le titre d’un polar des années soixante. Mais la piste asphaltée, par rapport aux chemins d’hier : du billard. D’où… Bref : cette nouvelle journée? 

Après un petit déjeuner copieux, avant de boucler les sacoches, j’ouvre la fenêtre de ma chambre pour tester la température.

Hou! Ça pique. 1 degré m’annonce le thermomètre. Je conserve donc mes trois couches et je rajoute ma doudoune sans manche, puis je sors les gants d’hiver. Pas besoin de collants sous le pantalon, il est suffisamment chaud.

Et comment vont les jambes? Me demanderas-tu. Sans oser questionner le reste.

Et bien écoute, ça va pas trop mal. Pas encore de courbatures – merci les étirements longs d’hier soir – quant au reste : on va dire pudiquement que c’est un peu sensible. 

Allez! Rejoignons le canal de Briare.

Sublime lumière à la sortie de la ville!

Plus loin, c’est encore mieux : le soleil incendie les fumerolles qui montent du canal. Théâtral à souhait.

Des cyclistes profitent de l’ambiance matinale. Mes semblables, mes frères?

Mouais. Pas gagné.

Si certains répondent en effet à mon bonjour, la plupart au vrai m’ignore complètement :  gras comme saucisses, boudinés de la tête au pied dans des vêtements techniques dernier cri, montés sur des machines de compètes, mes congénères tracent en détournant le regard. Avec ma dégaine de randonneur hirsute et mon vieux clou, je leur renvoie sans doute quelque chose d’inconvenant.

Ça m’agace, d’abord, puis ça me fait marrer, finalement. On ne joue d’évidence pas dans la même catégorie.

La preuve : je n’arrête pas de m’arrêter pour faire des photos.

Notamment parce que je tente d’apercevoir le Loing, dans sa partie sauvage, sur laquelle j’avais navigué lors de mon exploration en kayak. 

Difficile de franchir la végétation, sauf à un endroit, où je peux gagner la rive et passer là un petit moment contemplatif.

Comme je l’ai écrit plus haut, la piste asphaltée est super agréable. Moins de vibrations que sur les chemins d’hier – mon reste est ravi.

Seul bémol, des tas de branchettes et de ramures tombées des arbres jonchent le goudron. Rien de méchant, mais je suis obligé de faire attention à ce qu’elles ne se coincent pas dans les rayons ou le dérailleur, ce qui se produit une fois ou deux. 

A l’approche d’une petite commune dont j’ai oublié le nom, j’aperçois quelque chose qui m’intrigue. On dirait une voiture, dans le canal.

Une Clio. Lunette arrière éclatée pour faire sortir les occupants, qui ont aussi abandonné leurs fringues. Je me demande comment le conducteur a pu faire pour aboutir là, d’une part, et où il est allé ensuite, à poil. Je ne peux pas m’empêcher de l’imaginer aussi hilare qu’ivre mort.

Poursuivant ma route, je passe une succession d’écluses rapprochées qui me rappelle que c’est précisément cette série qui m’avait encouragé à quitter le canal de Briare pour tenter de rallier le Loing, avec le kayak.

Ecluse de Montambert. J’étais descendu là en tirant mon fourbi.

Aujourd'hui
Juillet 2018

Après l’écluse, un panneau me renseigne utilement sur ce qu’il me reste à parcourir.

40 bornes. Quand je pose mes fesses sur la selle, je grimace un peu, mais ensuite, c’est très supportable.

Poursuivons. 

Je reconnais les lieux pour les avoir déjà traversés. Dans l’autre sens, et au ras de l’eau, ce qui change évidemment la perspective.

Je passe Montbouy.

Longeant ensuite des champs et des fermes, de l’autre côté du canal.

Je fais une pause, ensuite. Fruits secs, détente des jambes qui sont un peu raides. Je passe sur le reste, assez présent.

En repensant à ce que j’ai écrit hier, sur la pommade cocaïnée qu’utilisaient les cyclistes du Tour début vingtième, je m’amuse à fabriquer une très courte vidéo façon Frères Lumières. Hommage. A ladite pommade.

On s’amuse comme on peut.

Sur quoi, j’entre à Châtillon-Coligny.

Comme je connais déjà la ville, je ne m’y arrête pas et je poursuis ma route sur le chemin de berge, d’où j’aperçois le camping dans lequel j’avais planté la tente lors de la descente du Loing.

J’ai bien fait de renoncer à bivouaquer, ça n’a pas l’air ouvert.

Un peu plus loin, le paysage est sublime. Les feuillages roussis, le bleu du ciel limpide, l’eau en miroir… Je me dis qu’on devrait plus souvent voyager en automne.

A un moment, je lis mal la carte et m’embarque sur le chemin de halage qui se change en gazon bosselé. J’hésite entre poursuivre et faire demi-tour, mais la raison l’emporte, je reviens sur mes roues. 

Carte agrandie pour ne rien rater, je prends une petite route qui grimpe sur une espèce de coteau à la con.

« A la con » parce que j’en bave dans la montée. Cuisses en flamme et souffle court.

En haut, heureusement, la pente redevient raisonnable. Je vois le canal, loin en contrebas.

Puis j’arrive à Rogny les Sept Ecluses par le haut.

J’enquille ensuite une super descente qui m’amène – à 42 kilomètres heures dit le compteur – jusqu’en bordure du canal, avec les vieilles écluses en échelle en perspective.

Pour en savoir plus sur ces écluses, je te conseille la lecture de cet article déjà ancien.

Je fais halte sur une terrasse au bord de l’eau. Bière, frites. Révision des fondamentaux.

Puis je repars. La Scandibérique ne longe plus le canal pendant un moment et m’envoie sur une petite route rectiligne, en faux plat, interminable. Avec le vent dans le nez..

Une demie-heure plus tard, je repique une toute petite route qui m’amène à une écluse où je récupère le canal.

Sur lequel circule une péniche qui va beaucoup plus lentement que moi.

J’immortalise une nouvelle écluse…

Puis j’arrive à l’entrée de Briare.

Il est quinze heures, peu ou prou. Je me mets en quête du gite – voire du couvert. L’hôtel le Cerf est en congé annuel.

Le domaine des Roches, plutôt hors budget. Reste donc la Grillade. Couscous et chambre d’hôtes.

J’ai tous les combles pour moi tout seul : c’est la seule chambre qui restait. Prévue pour au moins huit personnes.

Après la douche, je pars admirer le célèbre Pont Canal.

En ville, c’est très calme. On est dimanche, cela dit. 

Briare est célèbre pour deux choses : ses émaux et son Pont Canal. 

Et qu’est-ce donc que ça, un pont canal?

Et bien, c’est un pont. Magnifique, rectiligne et fort long qui enjambe la Loire et quelques canaux subsidiaires.

Mais c’est aussi un canal. 

Franchement, c’est assez incroyable. L’ingénierie de construction me laisse songeur. Admiratif, même.

Et pour ne rien gâcher, depuis le milieu du pont, la vue sur la Loire est imprenable.

Loire que je vais remonter un moment, à partir de demain – et en parlant de demain, la météo annonce de la pluie. 

Bah! On verra bien. Pour l’heure : couscous!

Comme disait Vialatte : et c’est ainsi qu’Allah est grand.

En résumé

Parti de Montargis à 9h00 ce matin, je suis arrivé à Briare à 15 heures.

Mon compteur m’annonce 61 kilomètres parcourus, pour un temps total de pédalage de 3 heures et 44 minutes. 

4 réponses sur “Du billard à Briare5 mn de lecture

  1. La bière est les frites : une carotte pour avancer. Au niveau des km, tu avances bien aussi, bravo. La suite ce soir, en espérant que tu passes entre les gouttes…

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