Allez, parlons chiffons.
NB : cet article fait partie d’un dossier d’ensemble consacré à la Marche Ultra Légère, accessible ici.
Une fois qu’on s’est amusé à considérer l’improbable fourbi qu’on avait prévu d’embarquer – des slips pour une semaine, deux pantalons, deux shorts, un pull, une polaire, des tee-shirts à ne plus savoir qu’en faire, un bloc opératoire de campagne, une table en chêne et des chandeliers en argent, j’en passe… nous voici prêt à reconsidérer le paquetage d’un oeil MUL. Il était temps.
Certes, tu m’objecteras que plusieurs jours de randonnée, en montagne par exemple, n’impliquent pas les mêmes choix qu’une robinsonnade dans l’Océan Indien. Mais le principe demeure le même.
D’abord, traquer tous les doublons ou les triplons, les quadruplons, etc.
Par exemple : pourquoi deux ou trois pantalons quand un seul suffit? Il est sale? Et alors! On le lave et on attend, une serviette autour des reins. Le choix d’un pantalon à séchage ultra rapide facilitera la réapparition sociale – la marque Salomon fait des choses très performantes dans le domaine. Cela étant, je ne porte pas de pantalon, la journée, à la montagne, on va y venir. Mais j’en ai un, toutefois, pour le soir.
Les sous-vêtements? Deux jeux suffisent. Ceux du jour, qu’on lessive le soir pendant qu’on enfile les autres après la douche et ainsi de suite. Idem du tee-shirt, dont le frère jumeau permet de ne pas rester torse nu pendant que l’autre sèche. Sauf si on a une jolie poitrine – précision : un homme aussi peut avoir une jolie poitrine, il est donc inutile de sortir tout de suite la potence antimacho… Où en étais-je?
Comme je l’ai écrit sur la page « marcher-léger », tout cela est de plus évolutif. Au fur et à mesure de l’expérience, on adapte, on remplace, on procède à des choix différents.
Voici ce que je porte régulièrement en moyenne montagne en mode short, mini-guêtres et tiges hautes.
Ou bien en mode pantalon zip-off et tiges basses.
Je remarque au passage que mes goûts personnels, en matière de couleurs, sont plutôt jansénistes…
Edit 2023 : j’ai craqué pour un short orange dans une boutique des Deux Alpes. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je crois que suis devenu fou.
Allez, reprenons mes deux valets flamands du XVIIème.
Sur le premier…
… de haut en bas, on trouve :
Une veste de trail Cimalp déperlante, coupe-vent et respirante : 110 grammes . Fait parfaitement l’affaire l’été en moyenne montagne. C’est le modèle Ultra skin 3H, taille M. Emballée, elle tient une place insignifiante. Remercions au passage l’échelle banane.
Elle est performante – la veste, pas la banane – surtout en coupe-vent, et offre de plus un très bon complément de chaleur pour un poids ridicule. En cas de frais dans le duvet, la nuit, passée sur un sweat en merinos, elle réchauffe de plus incroyablement bien. Bémol : elle n’est absolument pas prévue pour les gros orages, mais cela étant, à part un ciré de chez Guy Cotten, aucune veste ne résiste à une pluie battante – voir à ce propos l’article Mon secret pour lutter contre la pluie.
Ensuite, plutôt qu’un polaire volumineuse et lourde, je préfère une doudoune Uniqlo ultra-light, très compressible, sans manche et taille S : 155 grammes.
Parfois, je remplace mon chèche en coton léger par un « buff », c’est à dire un tour de cou en forme de tube, en polyamide, plus chaud.
C’est moins pratique comme serviette à tout faire, mais présente d’autres avantages, notamment en gain de poids : 70 grammes. Il me tient chaud au cou si besoin, voire aux oreilles et au front si le froid est vraiment piquant – cependant que mon cou est protégé par le col montant de la doudoune.
Passé le petit matin, la doudoune est souvent dans le sac, ainsi que la veste imperméable et le pull en mérinos.
Récemment, en 2023, en changeant mon sac de couchage pour un quilt sans capuche, je me suis procuré une cagoule baclava : encore mieux que le buff, parce que beaucoup plus polyvalent.
Haut du corps
Un tee-shirt Outdoor Research, léger et fluide, qui sèche vraiment très vite et possède la propriété exceptionnelle de rester rafraichissant quand il fait chaud, et de réchauffer quand il fait frais. Je ne peux plus m’en passer.
Un sweat Rab à manches longues et capuche, le modèle force hoody – qui a l’inconvénient de prendre les odeurs de sueur…
Un sweat chaud en merinos pour le soir – ou que je laisse éventuellement sous le hoody au petit matin quand ça pique un peu : marque Helly Hansen, en mérinos, mais qui a cependant l’inconvénient de posséder des poignets peu élastiques qu’on ne peut pas remonter au-dessus des coudes. Je lui ai donc préféré récemment un sweat mérinos de la marque Woolpower, plus souple.
Je continue d’utiliser aussi mes vieux Duofold à manches longues. Ils ont trente ans, sont délavés mais increvables, toutes les coutures encore en place. Problème : en synthétique pur, ils puent terriblement au bout de quelques heures de transpiration – mais s’essorent plus facilement et sèchent tout de même plus vite que le mérinos, alors…
De toute façon : le sweat de rando idéal? Un Graal introuvable. Il faudrait au minimum un mélange des trois précités : la praticité et la résistance des Duofold, la qualité du tissage Helly Hansen, la souplesse du mérinos Woolpower. Si d’aventure un ingénieur de conception de vêtement techniques lit cet article, qu’il m’écrive!
Le caleçon est un basique de chez Décathlon : 52 grammes. Sèche hyper aussi vite et sert en plus de maillot de bain dans les lacs quand il y a des gens. Pas de gens, pas de maillot.
Suite de la revue : une paire de chaussettes. Qu’importe la marque. L’important, c’est de trouver le matériau parfait pour soi : ni trop chaud, ni trop fin. Dernièrement, j’ai opté pour un modèle double peau de chez Cimalp, anti ampoule. Assorties à une paire de chaussure à la pointure adaptée, elles sont parfaites.
Les chaussures, enfin. Choisies une taille et demi au-dessus de l’habituelle, 42 1/2 au lieu de 41, qui tiennent parfaitement le pied.
Les tiges hautes sont imperméables et suffisamment rigide pour la moyenne montagne. Salomon Quest GTX. Déjà 2500 bornes au compteur, achetées à Vallouise parce que l’ancienne paire était totalement explosée : des Meindl tout cuir – un vieux modèle des années 90 dont je ne me rappelle plus le nom. Quand les Salomon seront mortes, je rachèterai des Meindl parce que leur imperméabilité est excellente, que leur chaussant correspond bien à la morphologie de mes pieds et que leurs semelles sont vraiment super.
Les tiges basses sont des chaussures de Trail. Salomon, modèle XA 3D. Utilisées régulièrement en forêt, en moyenne montagne pour des courses à la journée ou bien récemment dans le désert marocain (120 bornes en 5 jours). Un peu raides, un peu courtes. J’hésite toujours à les prendre pour un trek montagne de 10 jours ou plus : j’ai peur que mon pied ne glisse et que les orteils ne viennent taper contre la chaussures. J’ai déjà perdu des ongles à cause de ça. C’est douloureux, ça pourrit la suite de la rando et c’est super compliqué à récupérer : décollements, mycoses…
Edit 2023 : je suis passé aux tiges basses et je ne reviendrai pas en arrière. Marque italienne Salewa, modèle Alp Trainer 2 GTX, chaussures dites « d’approche ». Tenue, laçage et accroche exceptionnelle. La cheville est libérée, le pas est hyper précis, même dans les passages les plus scabreux du trek Génépi-Lavande.
Short, pantalon du soir et zip-off
Mon short est un Millet à fond de culotte renforcé, taillé dans une toile légère et résistante. 177 grammes. Je l’ai depuis dix ans. Du moins… l’avais. Son remplaçant orange vif l’a supplanté, le malheureux. Compétition darwinienne inévitable?
Quand je pars avec le short, pour le soir, je prends aussi un pantalon à séchage rapide : marque Salomon, modèle wayfarer. Léger, polyvalent et pratique. 245 grammes de matière fluide qui sèche très vite. Plusieurs coloris.
Mais je possède également un vieux pantalon zip-off dont les jambières se détachent. De la marque Helly Hansen, modèle Odin. Seul hic, la sensation des fermetures éclair sur les cuisses n’est pas confortable, je n’aime vraiment pas ça. En revanche, le gain de poids par rapport à la formule précédente est net : en mode bermuda, le Odin ne pèse que 238 grammes et les jambières, dans le sac, pèsent seulement 135 grammes. Je sais qu’il existe des modèles dont la doublure de couture résout ce problème de sensation. J’en ai même acheté un au Vieux Campeur, à Paris, mais c’était avant d’arrêter de fumer : un super Craghoppers dans lequel, à présent, je ne rentre plus. Pas sans chausse-pied en tout cas…
Le change
Un caleçon propre pour remplacer celui du jour, lavé et qui sèche et une paire de chaussettes, pour la nuit, ou pour remplacer la paire de jour vraiment sale qu’on vient de laver.
Quand vient le soir
Là aussi, en montagne, j’ai évolué. Ainsi, avant, j’emportais ces trois éléments :
Aujourd’hui, je n’ai plus que ça :
J’ai enlevé le collant chaud – inutile en alpage l’été, même avec un quilt trois saisons, au pire, je conserve mon pantalon – et je n’emporte mes magical shoes que quand je dors en dur. Au bivouac, je leur préfère ces tongs – jetables mais réutilisables, de type sandales de Spa – de marque Jet Tong, achetés 2 euros et qui pèsent 43 grammes la paire. En camping dans les vallées, ça évite d’aller aux douches pieds nus sur les cailloux en grimaçant – je le sais, je l’ai fait.
Accessoires.
Là encore, j’ai revu le paquetage.
Le bandeau cache oreilles en polaire a disparu, puisque le buff évoqué plus avant le remplace.
Le surpantalon Raidlight, imperméable et respirant de 100 grammes, n’est pas resté non plus. Je l’ai pris en revanche à vélo pour ma traversée de la France et il s’est avéré très utile et assez performant, bien que j’en ai déchiré le bas d’une jambière en la coinçant dans mon pédalier – c’est malin…
Sur les tiges basses, je n’utilise plus de guêtres. Dans le Sahara, j’avais acheté des Salomon qui m’ont plus gêné que servi à éviter le sable. Dans les dunes, j’ai même fini par marcher par pieds nus. Beaucoup plus agréable.
Je ne me sers pas non plus des gants : la marche réchauffe toujours les mains et ils sont par conséquent le plus souvent inutiles. Cela étant, avant de partir, pris d’un doute – la peur d’avoir froid, la peur, toujours, qui nous charge le sac – je les emporte systématiquement : et ils ne me servent pas. Pour l’anecdote, j’ai acheté ces gants Lowe Alpin en 94 quand je travaillais à Décathlon, à Nîmes. Invendus depuis deux ans et restés dans un tiroir du rayon montagne où je travaillais, je les avais obtenus avec une ristourne indécente : ils sont toujours au rendez-vous trente ans plus tard et pas une seule couture n’a lâché bien qu’ils aient pourtant beaucoup servi en hiver. Je les adore – je les appelle mes gants de Fantomas.
Et voilà, comme disent les faux pizzaïolis. On a fait le tour.