Et là, je commets deux belles erreurs de débutant : premièrement, au lieu de me fier à l’eau et de laisser le courant me porter, je pagaie pour éviter l’obstacle, ce qui me précipite évidemment droit dessus ; deux, je me retrouve coincé perpendiculairement au courant, très fort, et plutôt que de me dégager à la pagaie, je m’appuie sur le seuil en arrière. Résultat immédiat : le kayak se retourne illico et moi avec, coincé dessous. Coup de chance, j’ai pied. Je soulève mon embarcation pour la remettre dans le sens de l’eau, comme je peux, et la corde dans une main, la pagaie dans l’autre que je n’ai pas lâchée, je m’abandonne à la rivière qui nous emmène dix mètres plus loin, au calme enfin retrouvé.
Je nage jusqu’à la rive en tirant le fourbi puis je reprends pied et tire le canoë contre un muret, au bas des vannes. J’ôte mon sweat et mon tee-shirt, trempés. Il fait froid. J’ai perdu ma nouvelle casquette – encore un sacrifice à visière sur l’autel des Fantaisies Buissonnières! cf un tour en Oisan – et ma gourde, que je n’avais pas attachée, flotte entre deux eaux, captive du courant de rappel. Ma casquette, elle, demeure invisible.
Je peste contre cette perte – indispensable s’il pleut – mais me console en constatant en revanche que j’avais bien fait d’attacher mes lunettes avec un cordon : sans quoi, ciao la vision de loin. Les deux sacs étanches, eux, solidement arrimés, n’ont pas bougé.
Séché – mais vexé, je l’avoue – je récupère ma gourde au passage et repars pour, peu de temps après, rencontrer un nouveau déversoir, à Mussy sur Seine. Le saut semble un peu haut mais tant pis : tous les cavaliers le savent, après une chute sans gravité, il faut se remettre en selle tout de suite. Allez hop!
Bravo pour ce récit illustré plein d’humour, cher Patrick! On en redemande!…
(L’élève cité en final devait être très fier de sa grande maîtrise des temps verbaux!!!)
Merci Hélène! J’y retournera 😉
Bravo Patrick!
Très agréable à lire au sec.Par endroit c’est vraiment pas large.
Tout est passé avec l’aileron ?
Très bonne gestion du volume des bagages: rien ne dépasse.
Un Gumotex au milieu de la verdure, c’est vraiment trop photogénique.
Merci.
Gilles.
Bonsoir Gilles,
Merci de ce sympathique retour! Oui, avec l’aileron, j’ai mesuré pendant une autre ballade, ça passe avec 20 centimètres d’eau. Parfois, ça touche un peu mais rien de rédhibitoire. J’ai été aidé par les pluies qui ont renfloué le débit, même si ce sont ces pluies incessantes qui m’ont aussi poussé à abandonner.
Les bagages sont le fruit d’une réflexion poussée, tu t’en doutes.😉
Quant à la photogénie du Gumotex, le rouge et le vert sont des couleurs complémentaires, ça aide. Mais c’est vrai qu’il n’y a que là qu’il est bien le Safari, paumé sur une rivière envahie de tout un tas de trucs pleins de chlorophylle!
Porte-toi bien,
Patrick