Bivouaquer, et porter le matériel sur son dos, n’implique pas de se transformer en sherpa surchargé – lesquels sherpas sont des gens extraordinaires, mais c’est un autre sujet.
NB : cet article fait partie d’un dossier d’ensemble consacré à la Marche Ultra Légère, accessible ici.
Table des matières
Portage
Autrement dit le sac à dos. Evitons tout de suite une erreur très commune : acheter d’abord le sac avant de réfléchir à ce qu’on va mettre dedans.
L’idéal, c’est de réunir tout ce qu’on va apporter – après bien sûr, y avoir soigneusement réfléchi – et d’essayer de rentrer ce contenu dans des sacs poubelle de différents litrages. Cela permet d’éviter de se coltiner un sac trop grand et surtout, trop lourd.
Je le sais, je l’ai fait. La preuve : traversée des Cévennes en 94 avec une deuxième tronc, en fonte.
Au moins 30 litres inutiles. N’importe quoi.
Ainsi, j’ai longtemps utilisé ceci :
C’est un sac hors commerce de la marque Deuter, 55 litres extensibles à 65 par un système de soufflet. Plutôt léger pour un sac en gros Cordura datant du début des années quatre-vingt-dix : 1 kilo 8 à peine, belle performance.
Il provenait d’une série d’invendus initialement destinés à la douane Suisse. Je l’avais acheté pour pas cher du tout directement à un fournisseur qui m’alimentait en produits haut de gamme, quand je travaillais comme vendeur dans un magasin de sport, à Nîmes, dans une autre vie. Bref.
C’est un compagnon fidèle et increvable, sommaire mais bien pensé, traîné en montagne où lors de pointillés plus exotiques sur la mappemonde. Un idéal?
Non. Beaucoup trop volumineux. Appelle immanquablement le remplissage, et donc le superflu. Je ne l’ai conservé que pour des cas très particuliers, où j’ai besoin d’un peu plus de volume et surtout, d’un sac très costaud. En voyage par exemple. Je l’emballe alors dans une housse qui le transforme en sac à bandoulière : le top pour les soutes d’avion ou d’autobus.
Méfie-toi des conseils commerciaux
Les conseillers de boutiques spécialisées, ou les rédacteur de blogs qui ne randonnent pas vraiment et recyclent bêtement les fadaises desdits vendeurs, t’orienteront toujours vers un minimum de 60 litres pour une marche de plus de dix jours en portant une tente et un duvet.
Ne les écoute pas, malheureux!
Tiens, aujourd’hui, je circule avec ça :
22 litres, notamment lorsque je dors à l’hôtel, en chambre d’hôte, gîte ou refuge. C’est le Talon 22, du fabricant Osprey.
En rando au long cours, j’ai longtemps utilisé son grand frère, de 40 litres + 4 en poche sommitale : le Talon 44.
Il existe encore plus léger – certains randonneurs MUL bricolent eux-mêmes les leurs – mais les Talon Osprey sont très bien. Leur confort est réel, leur conception et les accessoires qu’ils possèdent sont bien pensés et leur prix restent très contenus. Seul petit bémol, je les trouve fragiles.
J’ai toujours le Talon 22, traîné récemment dans le désert marocain, mais en ce printemps 2023, j’ai revendu le Talon 44 sur le bon coin (en 10 minutes chrono à peine l’annonce publiée!) pour lui préférer le modèle G4 20 du fabricant Gossamer Gear, que tu retrouveras en situation et en description dans le récit de mon trek Génépi-Lavande.
Quoiqu’il en soit…
Avant d'acheter un sac à dos
Demande-toi d’abord ce que tu vas en faire. Une randonnée? Très bien. En dormant où?
En refuge ou à l’hôtel? Exit par conséquent le réchaud, la tente, le matelas, le duvet : 22 litres suffiront amplement. Mon petit rouge est parfait. Il pèse 750 grammes à vide, est très intelligemment conçu, me permet d’emporter ce que j’ai détaillé précédemment.
Tu pars en autonomie? Admettons : mais quelle autonomie? Uniquement le couchage et un peu de vivres au cas où? Ou bien aussi quinze jours d’intendance, des jambons auvergnats, une table en chêne, des chandeliers en argent?
Tu l’as compris : le contenu d’abord, le contenant ensuite. Rappelle-toi : tu peux t’aider de sacs poubelle de différents litrages pour calibrer ton besoin.
Un exemple hivernal
En février 2019, j’ai traversé le Jura en raquettes. Mon sac de 40 litres pesait 5 kilos (7 quand je devais accrocher les raquettes dessus) et le plus lourd des vêtements était sur moi. Je ne campais pas, cela dit.
Un exemple estival
Génépi-Lavande, hors piste du Queyras aux Alpes Maritimes, juillet 2023, avec bivouacs. 5,5 kilos de base. 7,5 avec un litre d’eau et des rations de journée.
NB : le poids de base – c’est à dire hors eau et nourriture – est propre à chacun. En ce qui me concerne, je suis parvenu au fil du temps à ma stabiliser autour de 5 kilos, mais guère, en itinérance estivale avec bivouac jusqu’à 2000 mètres. J’ai enlevé des articles, j’en ai introduit d’autres, modifié certains… jusqu’à atteindre une espèce de seuil d’équilibre, celui qui me convient.
Au bivouac
J’adore bivouaquer. Dormir en pleine nature. Mais pour que la nuit soit réellement reposante, en matière de choix de matériel, plusieurs précautions s’imposent.
L'abri
En mode MUL, pour s’abriter, il existe deux écoles. La tente ou le tarp.
De nombreux randonneurs préconisent le tarp : une simple toile enduite, que l’on fait tenir avec ses bâtons et quelques haubans. Avantages, la légèreté extraordinaire, la polyvalence de l’abri, la sensation de dormir en pleine nature, insectes inclus.
Jeune, j’ai adoré dormir à la belle étoile. Furieusement MUL. Par beau temps uniquement, évidemment. En cas de pluie, j’avais une tente monoplace Helsport, offerte par mes parents pour mon bac, en 1986. Elle pesait 2k5, ce qui était considéré comme ultraléger à l’époque. J’ai revendu cette tente dans les années 90 et je le regrette aujourd’hui, par nostalgie sentimentale.
Lorsque je me suis remis à la rando solo, j’ai d’abord investi dans un modèle du fabricant MSR. La Hubba NX.
1 kilo 4 comprenant les arceaux, le double toit, la chambre et un tapis de sol supplémentaire qui rend l’ensemble auto-portant et protège le fond de la chambre, fin et fragile.
C’était une super tente et j’en étais très content, mais elle restait finalement lourde et je l’ai revendue pour beaucoup plus léger.
Avec sa remplaçante, la Plexamid de chez Zpacks, légèrement déroutante au début comme je le raconte dans le récit du GR54, j’ai un tout petit peu perdu en confort. Mais le gain de poids a largement compensé ça, et ce d’autant mieux qu’après quelques nuits de bivouac, j’ai fini par trouver mes marques avec elle.
C’est une tente mono paroi qui tient grâce à l’un des deux bâtons de randonnée. 431 grammes! Auxquels il convient de rajouter 85 grammes de sardines. 516 grammes pour l’ensemble!
Seul inconvénient des tentes mono paroi : la condensation. Qui ne goutte pas sur le dormeur dans cette tente très bien conçue, mais qu’on touche parfois malgré soi avec la tête ou les pieds. Il faut donc prévoir de garder à portée de main sa petite serviette peau de chamois. C’est là la perte de confort que j’évoquais précédemment.
Je dors plutôt bien en tente. Je ne suis pas enquiquiné par les bestioles et je gagne en température. Pour moi : irremplaçable.
Pas de marteau pour les sardines, évidemment : je les plante à la main et le sol s’y prête toujours. Eventuellement en m’aidant de la semelle ou d’un galet.
En parlant des sardines, selon les endroits où on plante, il peut être intéressant de varier les formats. En montagne, j’emporte les basiques 6 pouces de Zpacks. Mais pour les explorations en kayak, les aires de bivouacs étant le plus souvent sablonneuses, j’emporte aussi des grosses sardines alu en cornières. Toujours pour le kayak, afin de ne pas m’encombrer d’un bâton de rando, j’embarque également un petit mât repliable en titane que j’ai taillé pile à la bonne taille, et que je fais reposer au sol sur un petit couvercle de mini-pot de confiture.
Bien sur, ce n’est pas le tout d’avoir un toit. Il faut aussi organiser la literie.
Sac de couchage
Concernant le sac de couchage, il y a deux possibilités de garnissage : synthétique ou duvet véritable. Le synthétique résiste bien à l’humidité, pas la plume. Mais le synthétique est plus lourd et plus difficilement compressible, à chaleur égale produite.
J’ai conservé un vieux sac synthétique estival de la marque Britannique Snug Pack : le Merlin. En 1994, c’était le top. Aujourd’hui, il est complètement dépassé et à dire vrai, je le garde surtout pour des raisons sentimentales. A présent, en kayak estival par exemple, j’emporte le quilt dont je parle plus bas et qui est beaucoup plus polyvalent.
Globalement, je préfère le duvet au synthétique, pour les qualités citées plus haut. Et puis les duvets modernes, haut de gamme, sont aujourd’hui traités hydrophobe, ce qui renforce un peu la résistance à l’humidité. Pour le transport, j’utilise la housse de compression fournie ou bien un sac étanche de Sea to Summit dont l’enroulement permet de chasser l’air et de gagner en volume.
J’ai eu plusieurs sacs de couchage, au fil du temps. J’en ai revendu certains, conservés d’autres. Mon dernier est le modèle Terralite, de la marque américaine Western Mountaineering, importé par une boutique en ligne de Quimperlé : Tentes 4 saisons
J’ai choisi ce sac, légèrement plus lourd que les autres (820 grammes) parce qu’il a la particularité d’être très large : je peux ainsi bouger dedans sans me sentir saucissonné, et je peux également l’utiliser en véritable couette car il s’ouvre complètement, ce que les « momies » traditionnelles ne font pas.
Sa qualité de fabrication est irréprochable et justifie son prix élevé de plus de 500 euros. Il est donné pour une température de confort de -2° selon les normes européennes, -4° par le fabricant.
Jusqu’à présent, j’utilisais un autre sac : le Spark III, de la marque australienne Sea to Summit.
Le Spark III pèse 700 grammes en comptant la housse de compression et son ratio poids-chaleur est tout bonnement incroyable mais il est souvent trop chaud en montagne été, comme j’en ai fait l’expérience lors de la majorité des bivouacs sur le GR54. A 2 ou 3 degrés positifs sous la tente, passée la chaleur initiale très plaisante, j’éprouvais en effet rapidement une sensation de condensation humide très désagréable. Par ailleurs, comme il est assez étroit, j’avais du mal à bouger avec – et je bouge pas mal en dormant.
Quand il faisait 5 ou 6 degrés sous la tente, en l’étalant sur moi, en couette, c’était mieux, malgré la présence de la capuche sur le visage un peu gênante.
C’est précisément à cause de cela – l’usage en couette, et le besoin de bouger – qui m’ont fait choisir un quilt.
Sac VS quilt?
Le quilt vient des USA, et notamment des randos au très long cours comme le PCT : c’est une sorte de demi sac de couchage-couette qu’on peut passer avec des sangles ou des cordelettes sous le matelas obligatoirement isolant.
Avantage évident : le gain de poids notable. Inconvénient : l’impossibilité de s’y engloutir complètement en cas de grand froid.
Pour en savoir plus sur la différence entre quilt et sac, je te conseille la lecture de cet article à ce sujet.
En 2023, j’ai acheté un Quilt, cf l’article suivant.
J’ai pu utiliser ce mode de couchage tout au long de mon trek Génépi-Lavande. Le matériau est super agréable au toucher et le gonflant bien chaud. Usage correct jusqu’à 5 degrés. En revanche, plus froid, j’ai trouvé fort mal pratique le système de clips qui viennent se fixer sur des cordelettes autour du matelas, et qui garantissent le côté enveloppant du quilt. Par zéro ou – 1°, j’ai senti le froid dans le dos quand je bougeais. Rien de rédhibitoire, mais ennuyeux.
Pour les randos montagne, j’ai donc opté pour le sac large présenté plus haut et je conserve le quilt pour des randos en basse altitude ou les descentes de rivière.
Le matelas
Là encore, plusieurs façons de procéder. Certains choisissent un tapis de mousse qu’ils retaillent pour gagner en place et poids. D’autres emportent encore des autogonflants, à la mode dans les années 90 : chers, finalement lourds et qui tiennent mal dans le temps. D’autres ne prennent rien : fakirs!
Il existe depuis quelques temps déjà des matelas gonflables incroyablement performants et confortables. Certains possèdent même une isolation renforcée, pour ceux qui aiment bivouaquer en hiver dans la neige.
Après plusieurs essais, mon choix s’est porté il y a quatre ans sur le Tensor, de chez Nemo. Forme momie, taille regular. 380 grammes. C’est l’ancien modèle, avec la valve qui fait saillie – ce n’est pas si problématique que ça mais le fabricant a corrigé ce point depuis. Je ne le gonfle jamais complètement, afin qu’il ne soit pas trop dur, et il est ainsi hyper confortable. Mes bras débordent quand je suis sur le dos et reposent sur le tapis de sol – en couchage couette – mais ce n’est pas un problème en été avec des manches longues.
Ce type de matelas ultra-léger a un inconvénient, lié à son matériau synthétique : il glisse sur le tapis de sol. On ne trouve pas toujours d’emplacement totalement plat, surtout en bivouac, et ce glissement du matelas durant la nuit peut s’avérer franchement pénible. Les pieds du sac de couchage – ou la tête – finissent toujours par toucher la toile et se tremper par capillarité, notamment dans une tente monoparoi comme la mienne.
François, créateur du site randonner-malin, donne une astuce toute simple pour remédier partiellement à ce problème dans cette vidéo.
Je dis partiellement car si l’astuce du seam grip fonctionne super bien entre le matelas et le tapis de sol, en revanche, côté couchage, la glissade continue.
En kayak, l’été, j’ai résolu le problème en rajoutant pour 145 grammes un drap housse en coolmax de chez Sea to summit.
Comme je te l’ai dit plus haut, il m’arrive en effet de n’utiliser mon sac quilt qu’en mode couette : ce drap rend donc le contact du matelas beaucoup plus douillet, moins « plastoc ».
En rando à pied en revanche, je n’emporte pas ce drap. Trop lourd. Je continue donc de glisser sur le matelas…
NB : je réfléchis actuellement à me procurer un matelas plus large de la même marque – un poil plus lourd, mais je suis de plus en plus tatillon sur le confort : je vieillis.
Pour éclairer ton choix parmi toutes les marques et modèles variés de matelas, je te conseille la lecture de cet article très complet rédigé par Anthony, rédacteur du magazine Carnets d’Aventure.
La question de l'oreiller
Longtemps, j’ai utilisé des vêtements roulés dans mon tour de cou et ça faisait amplement l’affaire. Sauf que, pour être franc, ce n’était pas aussi confortable qu’un véritable oreiller. Du coup, j’en ai testé plusieurs, jusqu’à trouver mon bonheur.
Le Fillo Elite est un oreiller gonflable, de la même marque que mon matelas, Nemo. Doux, confortable, poids (80g) et encombrement ridicules. Je ne peux plus m’en passer.
Je te conseille cette petite vidéo marrante, en anglais, d’un randonneur un chouia léthargique qui a essayé plein de modèles comme je l’ai fait. Son choix, à lui, s’est arrêté sur le Fillo grand modèle. Le petit est, selon moi, amplement suffisant. Mais le gars partait avec un cahier des charges bien rempli!