Randonner léger : une quête sans fin8 mn de lecture

Je te livre ici mes dernières et récentes cogitations pour continuer à randonner léger et passer sous la barre des 5 kilos.

Sommaire

Point de départ

On se souvient que j’étais jusqu’à présent fort satisfait de mon sac à dos Talon 44 de chez Osprey, malgré sa fragilité.

Et bien, c’est précisément sa fragilité qui m’a amené à le changer : l’une des microsangles destinées à rappeler les attaches de la poche sommitale a fini par lâcher, arrachée par l’usure des tensions. L’autre ne valait guère mieux et s’apprêtait à rompre aussi. La flèche du haut montre le type de sangle dont il s’agit, la flèche du bas indique l’emplacement de celle qui s’est cassée – et qu’on ne voit pas sur l’image.

Evidemment, j’ai d’abord songé à faire réparer mon sac et remplacer ces bouclettes, d’autant qu’hormis ce problème, mineur, il était encore en parfait état. Seulement voilà : je n’ai trouvé aucun cordonnier qui accepte – ou qui soit capable – de le faire. En cherchant un peu, bien sûr, j’aurais pu trouver à Paris un magasin spécialisé susceptible de l’envoyer en atelier, mais bon : le coût des deux allers-retours en train, les imprévus liés aux grèves, et le tarif final de la réparation, possiblement élevé, m’en ont dissuadé.

En outre, il y a déjà un moment que je m’intéressais à d’autres modèles de sacs, encore plus légers.

J’ai donc revendu mon Talon 44 sur le Bon Coin – 55 euros et il est parti en dix minutes! – puis je me suis mis en quête virtuelle d’un nouveau sac, d’une contenance équivalente mais cette fois bien en-dessous du kilo. 

De l'e-commerce et des influenceurs

Petite digression au sujet des achats en ligne.

Quand on est chez soi, sans possibilité d’arpenter les magasins ultraspécialisés et parfois très lointains, Internet est une bien belle boutique. Avec cependant un inconvénient : on ne peut pas examiner, manipuler, essayer ou soupeser le produit.

Il faut donc s’en remettre à d’autres moyens pour faire son choix.

Une méthode consiste à visionner des heures de revues de matériel sur Youtube, dans une variété de tons qui va de l’agréable à l’horripilant, mais en tombant la plupart du temps sur les quelques youtubeurs qui ont pignon sur toile et monopolisent le créneau. 

Sans remettre en cause leur sincérité – qu’ils revendiquent toutes et tous – je me méfie des effets de mode qui les contaminent inévitablement, ainsi que des matériels qui leur sont envoyés gratuitement et dont ils affirment pouvoir dire ce qu’ils veulent – ce qui est sans doute vrai par ailleurs car les marchands du temple 2.0 sont malins : ils savent très bien qu’en faisant parvenir gratuitement du super matos hors de prix à des gens qui cumulent des dizaines, voire des centaines de milliers de vues sur Internet, le ratio bénéfice-coût de cette publicité sera titanesque. Quand bien même Super-Trekker ou Zoé-du-Baroud déploreraient un petit défaut par ci, un inconvénient mineur par-là.

Il faut donc toujours confronter le plus possible de points de vue et lire quand c’est possible les tests et avis publiés sur des blogs sans intérêt commercial tels que Carnets d’Aventure par exemple. Ou bien sur le forum Randonner Léger – où il n’est toutefois pas toujours simple de se retrouver.

Mon nouveau sac à dos

Lorsque j’avais commandé ma tente Plexamid chez Zpacks, j’avais évidemment attentivement scruté leurs sacs à dos. Le modèle Arc Haul Ultra en 50 litres, notamment.

589 grammes, avec une armature en fibre de carbone. Sur le marché, à part des constructions « maison » par des particuliers bricoleurs ou quelques artisans de niche : impossible de trouver mieux.

Mais… à quel prix! Pour partie justifié par les matériaux employés et le savoir-faire Zpacks, certes, mais tout de même : 400 euros, sans compter le cargo et les frais de douane, ce qui aurait monté la facture à 500.

Après avoir comparé les mérites respectifs de plusieurs modèles de 45 litres environ, je me suis arrêté sur deux marques spécialisées dans la randonnée MUL, et pareillement réputées, l’une européenne, allemande, Hyberg, l’autre américaine, Gossamer Gear.

Finalement, mon choix s’est porté le Gossamer G4-20, mieux accessoirisé, et qui pèse 700 grammes – soit 40 grammes de plus que le Hyberg en taille M.

C’est d’ailleurs cette accessoirisation du Gossamer qui m’a convaincu (surtout les poches sur la sangle de taille et le pad amovible dans le dos) puisque le prix des deux était équivalent  : 250 euros pour le Hyberg, modèle Attila X 50 litres, avec les frais de port et sans problème de douane ; 237 euros pour le Gossamer via un revendeur belge, Trekking Fox dont le fondateur, Olivier, est de surcroît super sympa. 

Où les choses s'enchaînent

Après avoir trouvé et commandé mon nouveau sac à dos, et considérant ma liste totale qui flirtait à présent avec les 5 kilos tout ronds, je me suis surpris à questionner mon couchage. 

Bien que j’aime beaucoup mon exceptionnel sac de couchage – Spark III, Sea to Summit, température de confort moins 2 pour 650 grammes – je me suis posé la question de le remplacer par un autre système.

Pourquoi? 

Et bien tout d’abord parce que mes récents bivouacs hivernaux dans le Sahara marocain m’ont amené à reconsidérer mon avis sur les quilts et notamment ce que j’avais pu écrire dans l’article « portage et bivouac : rester léger« , du Bazar.

Dans le désert en effet, je n’ai jamais dormi à l’intérieur de mon sac fermé parce qu’il faisait trop chaud – 8 degrés en moyenne, jamais moins de 5. Exactement comme lors de ma rando sur le GR54, sauf deux nuits où le mercure était passé sous zéro. 

Happé par la spirale obsessionnelle de l’allègement, je me suis dit que ça valait peut-être le coup d’envisager d’acheter un quilt, ce système différent du sac de couchage classique, plutôt que de continuer à utiliser mon duvet en ersatz de couette la majorité du temps – hors hiver en cabane.

Un temps, j’ai hésité à me procurer un sac moins chaud, le Spark II par exemple – 500 grammes, température de confort à 4 degrés – mais j’avais peur d’y avoir froid autour de zéro, comme autrefois dans mon précédent duvet – Xero 300, Moutain Equipment, précisément revendu pour cette raison et remplacé par le Spark III. J’ai donc renoncé. Et puis d’ailleurs, gagner 150 grammes d’un côté pour réintroduire de l’autre un collant mérinos de 190 grammes au cas où, c’est au final s’alourdir de 40. N’importe quoi.

Pas simple, hein? Tous ces noeuds au cerveau… 

En surfant de ci, de là, indécis, en quête d’infos, je suis tombé sur cette vidéo.

Très bien faite. L’auteur, JR, est sympathique et sa comparaison très pertinente. J’ai d’ailleurs visionné un grand nombre de ses vidéos après m’être abonné à sa chaîne, et j’ai même inséré l’une des capsules dans mon article sur Iphigénie. Bref.

Dans la vidéo ci-dessus, JR vante les mérites d’une marque américaine que je ne connaissais pas, Enlightened, et d’un modèle de Quilt, le Révélation, dont je me suis aperçu ensuite qu’il a un grand succès chez les youtubeurs : on le retrouve en effet dans nombre de séquences très suivies.

Je suis donc allé faire un tour sur le site des américains pour parcourir attentivement leur catalogue et m’amuser à me confectionner un sac sur mesure en jouant avec les différentes combinaisons possibles. Puis, avant de passer commande, tout de même, j’ai hésité.

Le demi sac de couchage que je m’apprêtais à commander, selon les options choisies, revenait en effet à un peu plus de 400 euros hors frais de port et de douane. J’étais donc sur le point de dépenser plus de cinq cents balles pour un produit que je n’avais même pas examiné physiquement – or tous les synthétiques ne se valent pas et certains ont même un contact franchement désagréable. 

J’ai donc suspendu mon clic pour lire quelques articles sur cette marque plutôt bien positionnée en regard de fabricants européens comme Cumulus ou Rab, puis j’ai cherché des vidéos présentant des avis contradictoires aux précédentes. J’en ai trouvé une qui comparait les quilts Enlightened avec ceux d’une autre marque américaine, Katabatic, où cette dernière l’emportait d’ailleurs sans ambiguité, puis j’ai visionné celle qui suit, laquelle m’a définitivement convaincu de m’abstenir.

Le tissu qui m’intéressait, en 7 denier, avait un aspect de peau de poivron cuit et les défauts du produit, mis en exergue par l’auteur de la vidéo, sautaient aux yeux, rédhibitoires.

Comme de plus le ton bougon du gars était d’un naturel contagieux – j’aime bien le ton au naturel – j’ai parcouru quelques unes de ses autres vidéos, dont une où il vante à son tour la marque Katabatic.

Associée au souvenir de la vidéo comparative précédemment mentionnée, sa démo m’a convaincu d’aller voir plutôt les produits de cette marque-là. 

Mais le problème restait le prix, lié notamment au transport et à la douane. Le quilt qui m’intéressait revenait tout compris à presque 600 euros. L’équivalent d’un mois de mon smic de 1986, environ 4000 francs. Parenthèse : c’est curieux, au passage, cette manie sur certaines sommes et certains articles d’avoir recours à cette ancienne monnaie pour « mesurer » le coût psychologique des choses. Ce n’est pas très scientifique, économiquement parlant, mais c’est en revanche très efficace pour garder la tête froide en matière d’achat compulsif.

Bref. Pendant un moment, je me suis donc dit que j’allais poursuivre avec mon sac trop chaud, ouvert la plupart du temps, mais susceptible de me protéger de températures négatives. Retour à la case départ en somme. Mais avec cependant toujours ce léger inconfort de n’avoir pas résolu mon dilemme.

Et puis…

Je suis passé au quilt

Désolé. Où en étions-nous? Ah oui.

En saisissant sur Google  la requête « Katabatic en Europe », je suis tombé sur un site slovaque, Outdoorline, qui vend des produits de la marque et permet donc d’éviter les frais d’importation depuis les USA. 

Et paf. J’ai craqué pour le Katabatic Flex 20°F.

656 grammes, température de confort 1° celsius. Le 20° F  – « F » pour Farenheit – correspond à la température limite de -5° celsius.

Je ne gagne pas en poids avec ce quilt – à peine 10 grammes – mais je devrais bénéficier d’un confort supplémentaire très bienvenu. Actuellement, mi avril, la température nocturne à Fontainebleau flirte avec les 5 degrés. Je vais donc le tester dans le jardin dès qu’il arrête de pleuvoir. Parce que bivouaquer dans le jardin par nuit froide, ça passe, mais sous la pluie battante à 10 mètres de la maison, je n’ai pas encore atteint le degré de masochisme suffisant. Je sais : petit joueur. Oui, oui.

Et tant qu'à faire...

J’en ai profité pour questionner tout le reste : fringues, cuisine, accessoires… J’ai même revendu le réchaud et la popote dont je ne me sers pas en randonnée – je l’emportais uniquement en kayak avec bivouacs, domaine dans lequel je compte, là aussi, me procurer du matériel plus léger. Je te renvoie à l’article boire et manger du bazar.

Côté accessoires, ma frontale Tikka de chez Petzl m’a lâché inexplicablement. D’autant plus embêtant que c’est la deuxième en 10 ans à me faire le coup de la panne définitive. Pour autant, je suis resté fidèle à cette marque, dont nombre d’accessoires m’ont accompagné autrefois en escalade sur les falaises du Sud. C’est sentimental. Je me suis procuré la Bindi : 35 grammes! J’espère juste qu’elle tiendra plus longtemps que ses consoeurs…

Par ailleurs, si j’entends bien continuer d’emporter ma trousse de toilette Sea to Summit, en voyage plongée notamment, j’ai troqué ses 83 grammes…

… pour lui préférer en rando un sac congélation d’1 litre pesant 9 grammes. Pour être précis, il s’agit d’un Zipper, de la marque Albal. J’ai actualisé le contenu de cet article du bazar, pour le détail.

Quoi d’autre? Ah oui, j’ai également revu les vêtements : j’ai enlevé un tee-shirt de rechange. Un seul suffit. En revanche, j’ai ajouté une cagoule en cas de température négative, puisqu’avec le quilt, je n’ai plus de capuche. 70 grammes. Là encore, je te renvoie au bazar pour le détail.

Je vais également essayer de nouveau de marcher avec mon vieil Odin de chez Helly Hansen, que j’utilise en hiver en forêt avec un collant. D’ordinaire, je n’aime pas la sentation des fermetures éclair sur les cuisses mais ce pantalon de 2010 en mode short pèse 238 grammes et les jambières dans le sac, pour le soir, 135 grammes. De quoi remplacer mon short Millet de 177 grammes la journée et mon pantalon Salomon du soir de 245 grammes.

Au total, mon sac pèse désormais moins de 5 kilos, sans compter l’eau et les rations de journée. Pas mal, non? Je te mets ci-dessous une capture d’écran de mon résumé LighterPack.

2 réponses sur “Randonner léger : une quête sans fin8 mn de lecture

    1. Merci Jérémy! J’ai voulu aller voir ton site mais j’ai débouché sur un 404. Quoiqu’il en soit, tu as raison, quand on commence à s’alléger, on se trouve des tas de choses en commun – et « choses », à tous les sens du terme, évidemment ! Bien à toi, Patrick

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